Que ce soit pour renflouer leurs caisses ou dans un objectif de modernisation, les pouvoirs publics n’hésitent plus à revendre le patrimoine immobilier de la ville rose. Explications.

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Louer ou vendre une ancienne base aérienne, une prison désaffectée ou des entrepôts vides à Jolimont : tel est le pari que s’est fixé l’État pour 2016. Ces cessions de biens publics, si elles étonnent encore parfois les riverains, ne sont pas nouvelles dans la ville rose. Plusieurs maires avaient déjà tenté de rationnaliser le parc immobilier toulousain. Avec Jean-Luc Moudenc, la revente de biens publics par la municipalité semble même avoir bénéficié d’un coup d’accélérateur.

300 bâtiments abandonnés

Dès l’été 2014, le maire organise un recensement des immeubles abandonnés, logements de fonction inutilisés ou terrains achetés lors d’une simple opération de rénovation de la voirie. Il dresse alors un constat sans appel : sur les mille trois cent bâtiments que détiendrait la ville, trois cent seraient tout à fait vides. Beaucoup d’entre eux ne correspondraient même plus aux normes, renforcées depuis les années 2000. Résultat : il serait impossible d’y accueillir du public.

La municipalité décide alors d’affecter à temps plein deux agents de la direction du patrimoine à la gestion de ces biens. Ces derniers réaliseront, rien qu’au printemps 2015, pas moins de onze transactions. Parmi les premiers biens vendus, on compte notamment l’ancien emplacement de l’école de cirque de la ville, le Lido, ou l’ex-piscine du Pradié.

30 millions d’euros avant 2020

Au total, ce sont 6,47 millions d’euros qui seront récoltés. Une somme que Jean-Luc Moudenc entend bien dépasser en volume dès 2016. Il espère défaire la ville de quinze biens, pour un montant qui devrait dépasser les cinq millions d’euros. D’ici la fin de son mandat, il s’est d’ores et déjà fixé l’objectif ambitieux des 30 millions…

Pour autant, la municipalité se défend de vendre ses biens « uniquement pour récupérer de l’argent ». Comme l’explique Sacha Briand, adjoint au maire en charge des finances à ToulEco, il s’agirait avant tout de « moderniser [le] parc immobilier ».

Les bénéfices seront effectivement réinjectés dans l’achat d’autres bâtiments, plus modernes, et jugés plus utiles pour la collectivité (groupes scolaires, etc).

Vendre, mais pas à n’importe quel prix

Pas question non plus pour la municipalité d’accepter tous les projets. Certains ont ainsi eu bien du mal à aboutir… Ce fut le cas pour l’ancien terrain du Lido, ou celui du Pech David. Dans les deux cas, la mairie a invalidé les plans des promoteurs. Ceux-ci étaient jugés « trop grands » ou pas assez en adéquation avec leur environnement.

Pour Sacha Briand, il est évident que la municipalité, lorsqu’elle est à l’origine de ses transactions, a un droit de regard sur les ambitions des futurs acquéreurs. En effet, pas question pour lui de brader le patrimoine de Toulouse à tout prix. Si on lui a parfois prêté cette intention, l’élu s’en défend. Il juge d’ailleurs les arguments des détracteurs de la cession de biens publics « dignes de débats du café de commerce ».