C’est désormais acté ! L’aéroport Toulouse-Blagnac va basculer dans le privé. Une première dans le paysage français. L’Etat, par l’intermédiaire de son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, a annoncé la vente à un fond d’investissement chinois allié à un opérateur canadien.

capture_d_ecran_2014-12-04_a_01.21.05.pngQui de Vinci, Aéroports de Paris (ADP) ou de SNC-Lavallin allait racheter le premier aéroport du Sud-Ouest ? La question était sur toutes les bouches toulousaines. Vendredi dernier, Emmanuel Macron a donné sa décision définitive. Et ce sont les candidats sino-canadiens qui s’emparent des 49% du capital détenus jusqu’à présent par l’Etat. « On ne peut pas vanter l’attractivité de la France et dire non aux Chinois » , déclarait le ministre de l’Economie qui argumentait face aux critiques des collectivités locales et des citoyens haut-garonnais. Une déclaration qui fait suite aux propos de Bernard Keller, maire PRG de Blagnac, qui se déclarait récemment défavorable à une telle opération. « Le mieux offrant n’est pas forcément le mieux disant. […] J’espère qu’on peut encore influer sur un choix qui ne peut pas être que financier ». Des sorties médiatiques vaines au vu de la tournure des évènements.

Quel avenir pour l’aéroport de Toulouse ?

L’opération est lucrative, très lucrative même. L’Etat, en ces périodes de disette budgétaire, va engranger plus de 240 millions d’euros dans l’affaire. Mais une chose inquiète. Que va devenir l’aéroport ? Quelles garanties pour les 3000 employés qui s’affairent quotidiennement sur les 780 hectares de la zone aéroportuaire ? Si l’Etat et la direction de l’aéroport n’ont pour le moment pas communiqué sur la question, la décision initiale de céder près de la moitié des parts de TLS (code AITA pour désigner Toulouse-Blagnac) prévoyait des garanties pour les salariés et des assurances quant au développement de l’aéroport et aux nuisances que cela pourrait engendrer. L’inquiétude des collectivités locales et des riverains demeure néanmoins très vive sur ces sujets.
Mais la première (vraie) privatisation de l’ère Hollande pourrait cacher un scandale de grande ampleur. D’après des informations publiées par Mediapart, les nouveaux « propriétaires » (49% des parts) du 6ème aéroport national seraient au cœur d’un imbroglio international. La société SNC-Lavalin Inc. vient d’être très lourdement sanctionnée par la Banque Mondiale… pour des faits de corruption. Quant à son allié chinois, il serait en fait implanté dans des paradis fiscaux (Iles Caïman et Vierges). Paradis que combat pourtant le président français depuis son élection en 2012.

Nice et Lyon, prochains sur la liste

Avec l’annonce du repreneur de l’aéroport toulousain, d’autres se sont ajoutés à la liste des « mises en vente ». Un projet de loi pour la croissance et l’activité devait être présenté le mercredi 10 décembre au conseil des ministres. Il « autorise » dans son article 67 « le transfert au secteur privé d’une participation majoritaire au capital » des sociétés aéroportuaires de Lyon Saint-Exupéry et de Nice Côte-d’Azur.
Une annonce « totalement impensable » pour le maire de Nice, Christian Estrosi, d’ores et déjà opposé à ce projet malgré les garanties promises dans le dossier. La privatisation devrait donc « s’accompagner d’un développement de l’emploi, au sein de ces sociétés, des entreprises en lien avec (l’aéroport) et plus généralement de l’économie régionale » pouvait on lire dans l’étude réalisée et proposée en annexe du projet de loi. Affaire à suivre.

Racheter TLS, ça vous tente ?

Insolite, délirant, fantaisiste, … tels sont les termes utilisés lorsqu’on évoque le possible rachat de l’aéroport par un collectif citoyen. Et pourtant. Il y a treize jours, le site de crowdfunding WiSEED mettait en ligne un projet pour le moins détonnant. « Rachetons l’aéroport de Toulouse » ! Si l’annonce peut faire sourire, force est de constater qu’elle a connu un succès plus qu’inattendu.
En quelques heures, ce sont ainsi plus de 8000 contributeurs qui ont été réunis pour un montant dépassant les 18 millions d’euros. Fort de cette mobilisation, Thierry Merquiol, fondateur de cette plateforme, a décidé de présenter à l’Agence des Participations de l’Etat une offre pour racheter 10.01% des parts de l’Etat. L’offre a été remise en main propre au président de la République le 2 décembre dernier, mais le gouvernement ne l’a pas retenue.