L’économie toulousaine et midi-pyrénéenne est florissante certes, mais s’appuie essentiellement sur un seul secteur, l’aéronautique. N’est-ce pas dangereux à terme ? « Univers-Cités » fait le point sur ce secteur pour comprendre les inquiétudes de certains aujourd’hui.
85 000 emplois. 60 entreprises spécialisées dans les produits aéronautiques et/ou spatiaux. 910 entreprises sous-traitantes, fournisseurs ou prestataires de services directs. Plus de 36 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 82 % des exportations régionales. C’est l’importance du secteur aéronautique en Midi-Pyrénées, mesurée par la Chambre de commerce et d’industrie en 2013, avec une majorité de salariés en Haute-Garonne. En tête de la liste on retrouve évidemment Airbus Group, le plus gros employeur de Haute-Garonne avec 17 400 emplois, sans compter Air France (2 600), Thalès Alenia Space France (2 500) et Astrium (2 300).
Des chiffres qui donnent vite le tournis et qui font espérer le meilleur pour l’avenir économique de Toulouse et son agglomération. Des chiffres qui permettent à la ville de s’enorgueillir de son leadership européen en termes d’avion et d’espace, et qui en font la concurrente directe de Seattle avec Boeing.
La peur d’un nouveau Detroit
Face à une concurrence accrue, beaucoup de personnes se demandent s’il est réellement judicieux de « mettre ses œufs dans le même panier ». Oui, le secteur aéronautique et spatial se porte à merveille, mais qu’en est-il de l’avenir ? Un réseau d’entreprises locales qui dépend autant d’une seule activité peut s’avérer fragile.
L’exemple de Detroit, aux Etats-Unis, montre les dangers d’une hégémonie économique qui reposait sur l’automobile avec trois grandes firmes. General Motors, Chrysler et Ford, ont été durement touchées par la crise du secteur en 2008, ce qui a mené à un taux de chômage record, d’environ 50% dans certaines zones, maintenant désertifiées.
Aussi, depuis 2004, la ville de Toulouse essaie de développer d’autres filières de recherche et d’excellence, tel le projet de l’Oncopole. Ce centre de lutte et de recherche sur le cancer, situé sur l’ancien site d’AZF, comprend, entre autres,les laboratoires Pierre Fabre et Sanofi, des entreprises et associations et le nouvel Institut Universitaire de Cancer de Toulouse (IUCT) qui ouvre ses portes au premier semestre 2014. Cependant, ce pôle de recherche rencontre des difficultés, avec par exemple les réductions d’effectifs prévues par Sanofi.
Un enjeu majeur et incontournable des municipales
Avec l’échéance des élections municipales qui se rapproche, les candidats à la mairie de Toulouse n’ont d’autre choix que de se saisir de ce dossier pendant la campagne. Ainsi Pierre Cohen, maire sortant socialiste, promet que « sept programmes d’action seront lancés, en complément de l’excellence industrielle de l’aéronautique et du spatial, afin de favoriser le développement, l’innovation et la structuration de secteurs économiques métropolitains autour de la filière du numérique, la filière de la santé et du vivant… ». Quant à son principal rival, Jean-Luc Moudenc, candidat UMP, il compte dans sa liste quatre colistiers issus de l’aéronautique dont Jean-Claude Dardelet, vice-président de Thalès Alenia Space.
Même si développer de nouvelles technologies et de nouveaux secteurs d’activité à Toulouse est possible et indispensable, l’importance de l’aéronautique et du spatial dans l’économie locale demeurera prédominante pour de nombreuses années encore.