De 2012 à 2014, EADS a déployé une stratégie de regroupement de ses activités et de recentrement sur Toulouse. Depuis janvier 2014, EADS (European Aeronautic Defence and Space Company). est devenu Airbus Group. Cette évolution arrive-t-elle seule ou annonce-t-elle de profonds changements dans le groupe ?

Le choix de ce nom, Airbus Group, donne un indice sur la nouvelle ambition des dirigeants. Une stratégie insufflée dès 2012 avec un changement de président à la tête du groupe. Pourquoi Tom Enders, le président exécutif actuel, et ses collaborateurs ont-ils décidé de renommer le groupe ? En choisissant de faire référence à la filiale la plus mondialement connue et rentable, ils semblent faire le pari de grossir le groupe, d’en faire le numéro 1 non seulement dans l’aéronautique mais aussi dans les domaines de l’espace et du militaire. Profiter de l’impulsion donnée par les A380 qui se vendent comme des petits pains et de l’image de marque d’Airbus est destiné à relancer les autres branches du groupe. Restructurer en profondeur les divisions entre « aéronautique » et « espace et défense », quitte à licencier, s’affiche comme une recherche d’efficacité et de rentabilité.

Le rapport annuel d’EADS de 2012 montre les progrès incroyables faits par le groupe depuis 2001. Il dévoile un bilan plus que satisfaisant avec notamment un chiffre d’affaires de 56,5 milliards d’euros, des investissements en recherche et développement autofinancés à hauteur de 3,14 milliards d’euros. Les effectifs totaux du groupe s’élevaient à 140 405 salariés (46 107 salariés en 2001). A titre de comparaison, c’est plus que les populations de Metz (122 149 habitants) ou de Nancy (107 682) en 2011.
Le bilan 2013 d’Airbus Group confirme cette tendance, avec un chiffre d’affaires de 59,3 milliards d’euros (soit un volume de production équivalent à celui d’un pays comme la Croatie). L’activité est en progression de 5%. Et la rentabilité a progressé de 22 %, avec un bénéfice de près de 1,5 milliard d’euros.

Restructuration et licenciements

Malgré ces résultats et une légère avance sur son concurrent Boeing en nombre de commandes, Airbus Group estime néanmoins avoir une compétitivité insuffisante dans le spatial et le militaire ; il décide de réagir en rassemblant ces deux activités dans une même branche, Airbus Defence and Space. Celle-ci comprend les entreprises Astrium et Cassidian, respectivement spécialisées dans la fabrication de satellites et l’aviation militaire. C’est également la branche du groupe la plus touchée par le plan de restructuration au niveau des licenciements.
Les deux autres nouvelles divisions sont Airbus Commercial (aviation civile) et Airbus Helicopters (anciennement Eurocopter, entreprise spécialisée dans les hélicoptères civils et militaires). Avec cette réorganisation, la direction espère économiser 815 millions d’euros.
Cette logique de rassemblement concerne aussi le siège social, autrefois divisé entre Paris et Ottoburn en Allemagne et déplacé à Toulouse pour rejoindre le siège « opérationnel ». Une volonté affichée par Tom Enders dès juin 2012 dans les pages du Figaro.

Des actionnaires de référence

Les participations des Etats actionnaires d’Airbus Group ont été modifiées en janvier 2014. L’Etat Français a cédé 1% de ses actions et est à égalité avec l’Etat allemand avec chacun 11% du capital. L’Etat espagnol, avec 4%, complète cet actionnariat qui représente 26% des droits de vote. Ce dispositif devrait permettre aux trois états de rester les actionnaires de référence d’Airbus Group, même si ils ne sont plus représentés au conseil d’administration.

Toulouse et la région Midi-Pyrénées se retrouvent de plus en plus au cœur de la stratégie de développement d’Airbus Group. Une situation très prometteuse en théorie mais qui les rend toujours plus dépendantes d’une quasi mono-industrie. Les suppressions d’emploi chez Airbus Group et chez Astrium vont se répercuter sur le réseau des sous-traitants, avec des conséquences préoccupantes sur l’ensemble du tissu économique local.