Créée en février 2013, Coovia, une start up du numérique toulousaine, développe une application smartphone pour organiser, en temps réel et en un clic, les déplacements de ses utilisateurs (covoiturage, transports publics, et vélo Toulouse). Un projet ambitieux, récompensé par le Grand prix Défi numérique 2012, qui en est déjà à sa deuxième version pour s’imposer le plus tôt possible comme la référence à l’international.

Pour sa première version, l'application Coovia a séduit 1500 utilisateurs.

Ils sont quatre. Quatre salariés, âgés de 21 à 32 ans, à se partager les 12 m2 de bureaux qui leur sont réservés au sein de l’incubateur Midi-Pyrénées, aux côtés d’une dizaine d’autres jeunes entrepreneurs de la région. L’ambiance à la cool – on y travaille en chaussettes – irradie le peu d’espace : bienvenue chez Coovia, une start up toulousaine du numérique à la pointe de l’Open data et de son application concrète.

Du covoiturage au « commutage »

Fondée en 2012 par David Larcher (32 ans), directeur général et commercial de Coovia, cette toute jeune Société par actions simplifiée (SAS) est d’abord née d’une idée simple : « proposer un service pour s’organiser pour le covoiturage dans la vie de tous les jours » selon son fondateur. Il raconte : « A l’époque, je travaillais pour la cellule d’innovation d’Airbus. C’est là où ça a germé. Je n’ai plus la carte 12-25 ans de la SNCF, et je trouvais qu’il manquait un outil pour le transport au quotidien ».

Le projet remporte la même année le Grand prix Défi numérique du concours Open data Toulouse Métropole 2012. A la clé, un chèque de 8000 euros pour développer l’application et l’entreprise. L’aventure Coovia est réellement lancée et prend un tout autre chemin à partir de janvier-février 2013. Une première version de l’application sort fin mars autour du concept de « commutage » : « utiliser les sièges vides pour aller travailler aussi bien pour les transports en communs que pour les particuliers » explique David Larcher. Dans sa base de données, l’application compile, grâce à l’ouverture des données publiques, [NDLR, en anglais open data] l’ensemble des informations en temps réel du réseau de transport en commun Tisséo et de vélo Toulouse, en plus des données de covoiturage des utilisateurs.

De gauche à droite: David Larcher (32 ans, directeur général de Coovia), Charly Delaroche (21 ans, développement IOS), Sébastien Bernier (23 ans, développement Androïd) et Rodolphe Asséré (22 ans, directeur technique).

A partir d’un concept simple : lancer en un clic une application sur son smartphone pour avoir une solution de transport immédiate et à proximité, l’astuce Coovia séduit en quelques mois 1500 utilisateurs, majoritairement sur Toulouse. Elle est téléchargée plus de 4000 fois, mais rebute par son ergonomie. « La première version est fonctionnelle, mais reste difficile à prendre en main » explique Rodolphe Asséré (22 ans) directeur technique de Coovia en formation en 5e année à Epitech – une école d’informatique.

« La première version était un test grandeur nature. On n’a pas forcément atteint notre objectif du premier coup » observe David Larcher. L’équipe travaille désormais sur une deuxième version plus efficace et ergonomique sur IOS et sur Androïd, après une enquête sur les pratiques de leurs utilisateurs. Le fondateur de Coovia poursuit : « On essaye de creuser avec nos early adpaters. On s’est focalisé sur eux et sur un usage pour ne pas disperser les moyens. Sinon, pour une start up, c’est la mort assurée ». D’autant que les concurrents sont déjà nombreux.

« La puissance de la machine à café »

La durée moyenne de vie d’une start up, comme Coovia, est généralement d’un an à un an et demi. Placée dans un incubateur leur taux de réussite est généralement plus élevé. « L’incubateur, c’est vraiment un environnement favorable. Ça permet de créer des échanges, se faire des contacts, du réseau, etc » constate Rodolphe. Dans ce nid à idées, on loue « la puissance de la machine à café » qui favorise l’interaction et donc l’innovation.

Coovia, ce sont des solutions de covoiturage et de transports à proximité et en temps réel.

Pour Coovia, l’heure n’est pas encore aux investisseurs extérieurs. « Il faut d’abord leur démontrer que ça marche en se focalisant sur un réseau précis comme Toulouse » insiste David Larcher. Pour autant, les ambitions de cette start up digitale ne se bornent pas à la ville de l’aéronautique. « Coovia, c’est une start up du numérique, si tu te focalises sur le local tu es mort-né. Il faut viser le plus loin possible, jusqu’à la galaxie. On pourrait faire du cosoucoupage » ironise le trentenaire. Vers l’infini et l’au-delà.

Pourtant, si lancer et développer son entreprise innovante est facilité, c’est l’après qui est souvent plus sombre. « Ce qui est compliqué, c’est passer de la mini pépite à la mine d’or. Lever des fonds, ça va être l’aventure. Dans l’ensemble, on est bien accompagné. En France, il y a beaucoup d’aides pour créer et développer sa start up » confie David Larcher. A partir d’une bonne idée, il n’y a aucune raison pour que le projet ne réussisse pas. D’ailleurs, les starts up ont cette image cool et positive qui leur colle à la peau. De quoi rassurer l’équipe Coovia, avant de rejoindre d’ici 2014 le vaste monde des PME.