Le taux de pénétration d’internet en Afrique reste faible mais en forte progression. Le continent enregistre la plus forte croissance du réseau dans le monde et certains pays se lancent déjà dans la course à la 3G. Quelques médias francophones sont passés au numérique. Le nouveau support porte tous les espoirs d’une profession qui aspire à plus de transparence et d’information. Une transition qui se fait malgré les difficultés.
Les pays africains francophones ont connu une multiplication d’agrégateurs de presse, avant de voir naître des rédactions exclusivement web au Sénégal, Côte d’Ivoire, Maroc, Algérie, Tunisie… où la presse numérique dont la réputation reste à faire jouit d’une plus grande liberté d’expression.
« Le web est moins surveillé et on a une plus grande liberté d’expression et de ton » explique Abderrahmane Semmar, rédacteur en chef d’Algerie-focus.com, pure player algérien crée en 2011.
« Le web est une planche de salut, la jeunesse est multilingue et de plus en plus instruite en Algérie. Avec 5 millions d’Algériens sur Facebook, 12 millions d’internautes et bientôt le lancement de la 3G dans le pays la presse numérique va exploser » ajoute-il. La presse francophone y compris, tant les perspectives annoncent une importante hausse de la francophonie, avec 700 millions de francophones en 2050 contre 220 millions en 2010 selon un rapport de l’ONU.
Une reconnaissance à gagner
La presse numérique africaine est un support, une ressource pour la démocratisation de la société. Que ce soit du côté de la profession ou des lecteurs, les attentes sont grandes. Mais les professionnels ont des difficultés à s’imposer comme une référence face à la presse papier.
Les situations diffèrent selon les pays. En Côte d’Ivoire, la situation de la presse est très particulière. « Les médias sont associés à des camps, avec leur engagement dans les conflits civils, ils ont été déconsidérés et fragilisés », une situation dont pâtit également la presse numérique, explique Karim Wally, directeur de la rédaction web du quotidien ivoirien Nord Sud.
Le défi est de s’imposer face à son public, mais aussi au sein même de la profession. La légitimité des web journalistes est pour l’instant remise en cause. En Algérie par exemple, l’organe d’attribution de la carte professionnelle actuellement en projet, ne prévoit pas d’intégrer les journalistes web, qui pourtant se multiplient. Les deux pures players nationaux : Tsa-algerie.com et Algerie-focus.com gagnent en visibilité et dépassent le million de visiteurs par mois.
Une certaine presse numérique a su profiter de l’avantage du web, de la rapidité et de la spontanéité, mais s’adapter à ce nouveau format nécessite des infrastructures et des compétences techniques nouvelles. La plupart des journalistes africains n’y sont pour l’instant pas formés. Une barrière que la presse numérique encore novice devra dépasser.