La compagnie Plume d’Elle est née de la rencontre entre Stéphanie Fontez, auteure, et Alice Subias, danseuse et chorégraphe. Après, « Fragment » en 2012, elles présentent leur nouvelle création, « éCLOSion ».

« On ne trouve pas toujours les mots à mettre sur le blocage du corps et la blessure de l’âme. La danse est un jet de vie pour sortir de l’ornière ». Dans éCLOSion, les mots de Daniel Sibony, auteur du Corps et sa danse, résonnent avec d’autant plus de force. Depuis l’année dernière, la compagnie Plume d’Elle anime un atelier d’écriture et de danse avec des femmes de la prison de Seysses. Sur la base de l’œuvre de Daniel Pennac, elles ont, pendant six mois, écrit le journal de leur corps. De leurs textes est né éCLOSion.

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Stéphanie Fontez travaille sur l’écriture. Pour elle, dans un milieu qui confine la parole et impose le mutisme, ces ateliers, qui libèrent les mots et délient les corps, sont une « bouffée d’oxygène ».

Éclosion, c’est la « manifestation de quelque chose qui naît ». D’emblée la compagnie Plume d’Elle met en lumière l’ambivalence de ce corps qui enferme et libère. Comme le dit Alice Subias, la chorégraphe, « l’enfermement bouleverse les sens. En prison, le corps est, reste l’espace de la liberté. Pour exister, les femmes attendent de se déployer » . Mais quand l’esprit peut s’évader, le corps n’a de cesse de les rappeler à la réalité. Il éprouve et est éprouvé. En prison, le corps change : perte de poids, chute de cheveux, privations, si l’enfermement est une souffrance psychologique, le corps devient peu à peu le témoin impitoyable des mois, des années, passés en détention. Stéphanie insiste, l’écriture n’est pas littéraire mais « charnelle, impulsive, organique ».

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Sur scène, la danseuse Anne Laveissière met en mouvement leurs textes, récit corporel d’une réalité tangible. En arrière plan, un film vient illustrer le récit, projection d’un corps qui s’anime aussi au gré des désirs, des évasions et des rêves. Car faire le journal de son corps, c’est aussi, pour ces femmes, s’extraire de la prison, se réaffirmer et dessiner des perspectives. Et au fil de leur récit, se révèle la conscience d’un corps qui libère, un moyen de se réapproprier leur existence… « Je défie mes émotions, je suis libre dans mes sentiments » dira l’une d’elle.

éCLOSion mêle les mots, la danse et l’image, donnant à voir et à entendre la réalité, livrée à l’état brut, du corps en détention. C’est jusqu’au 9 novembre, au théâtre du Pavé.

http://www.theatredupave.org/wordpress/event/eclosion/