L’Observatoire de la vie étudiante a publié ce mois-ci un rapport sur la santé des étudiants. Malgré la pression des cours ou l’impact d’un emploi en dehors de la fac, les étudiants se déclarent globalement en meilleure santé que le reste de la population française.

L’Observatoire de la vie étudiante fait le point sur la santé à l’université. / Photo Wikimedia « Je vais bien, tout va bien » : célèbre emprunt à la méthode Coué, cette phrase semble prendre tout son sens en ce qui concerne la santé des étudiants. Selon le dernier rapport de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) publié ce mois-ci (1), près de 73% des étudiants français jugent en effet être en bonne santé, contre 69% de la population âgée de 15 ans et plus. Un premier constat que le rapport invite pourtant à nuancer, tant la santé des étudiants dépend de situations et d’accès aux soins différents.

Filières et emploi influencent l’état psychologique

Si les trois-quarts des étudiants se disent fatigués, c’est sans grande surprise auprès des étudiants-travailleurs et de ceux admis dans les filières ultra-sélectives que se manifestent le plus fréquemment troubles du sommeil, nervosité ou déprime. Le nombre de jeunes estimant être fatigués s’élève ainsi à 84% lorsqu’ils éprouvent des difficultés à concilier études et emploi. Cependant, certains étudiants exerçant une activité rémunérée jugent être moins sujets à l’isolement ou à la déprime que leurs camarades. Là où la tension psychologique reste en revanche la plus prégnante, c’est en classe préparatoire, comme l’explique Lucile, ancienne khâgneuse au lycée Fermat à Toulouse : « Crises d’angoisse et absence de motivation ont fait partie de mon quotidien pendant deux ans, se souvient-elle. Et paradoxalement, je n’ai jamais consulté autant mon médecin qu’à cette époque, dans l’espoir qu’il trouve une solution. »

Accès aux soins, rôle de la famille et pratiques à risque

Comme Lucile, les étudiants se montrent soucieux de leur santé : d’après le rapport, 87% des jeunes interrogés disent en effet avoir consulté un médecin six mois avant l’enquête. Reste qu’un tiers d’entre eux admet dans le même temps avoir renoncé à des soins, en espérant aller mieux, ou par manque de temps et de moyens, à l’image de Clément, étudiant à l’INSA : « Quand il s’agit de rhumes et autres maladies sans importance, je m’abstiens effectivement d’aller chez le médecin, confirme-t-il. J’attends que cela passe en prenant des comprimés de paracétamol. En revanche, j’y vais en cas d’angine ou de grippe, et pour des prescriptions plus spécifiques comme les vaccins. »

Un renoncement aux soins qui s’explique également par le statut même de l’étudiant, progressivement affranchi du noyau familial, sans être encore totalement indépendant. Le rapport note en effet que plus l’étudiant progresse dans son cursus universitaire, moins il consulte son médecin généraliste : ainsi, 79% des moins de 19 ans ont effectué une visite médicale six mois avant l’enquête, contre 71% pour les plus de 25 ans, âge charnière auquel les étudiants commencent à entrer sur le marché du travail.

Preuve que le contexte familial joue un rôle dans l’attention portée à la santé : « Même si je n’ai pas besoin de mes parents pour savoir quand je dois aller chez le médecin, j’aime leur en parler, plaisante Clotilde, en master de lettres au Mirail. C’est une façon de ne rien oublier pendant la consultation, pour ne pas être obligée d’y retourner ! Et puis, mon médecin traitant est celui de mes parents : lorsque je vais le consulter, c’est quand je suis de retour chez moi. Il me semble évident donc de leur dire. »

Dernier élément étudié par l’OVE, la consommation d’alcool et de tabac. Si moins d’un étudiant sur cinq déclare fumer quotidiennement, contre 39% des Français à âge comparable, en revanche, les étudiants boivent autant que les autres jeunes. Des pratiques qui sont, une fois encore, dépendantes des cursus suivis. Ainsi, ce sont les filières sélectives, en particulier celles de management, d’ingénieurs et de culture, qui remportent la triste palme des plus importantes consommations d’alcool et de cigarettes.

(1) L’OVE Infos n°27 : Les étudiants, une population inégalement protégée en matière de santé