Du robot Curiosity, qui s’est posé sur Mars en août dernier, on connaît surtout son commanditaire américain, la Nasa. Mais le projet fait en réalité suite à un appel d’offre international lancé entre 2004 et 2005, remporté, entre-autres, par une équipe toulousaine.

Elle s’appelle ChemCam (pour Chemistry Camera) et ce petit bijou technologique a été conçu dans les laboratoires de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap) au Centre National d’Etudes spatiales de Toulouse. Constitué d’un laser, d’un télescope, d’une caméra et de l’électronique associée, cet outil situé sur le mât du rover a pour fonction de déterminer la composition des roches jusqu’à une distance de 9 m.

Le fonctionnement

L’instrument se base sur une approche assez ingénieuse : plutôt que d’examiner un échantillon solide par contact, il est vaporisé dans l’atmosphère au moyen d’un laser, ce qui permet d’analyser son spectre, et donc d’en connaître la composition. Une optique de télescope analyse simultanément l’aspect des particules pulvérisées. L’analyse se fait donc à distance, ce qui évite par la même occasion les problèmes de contamination sur les instruments. Un avantage non-négligeable compte-tenu du coût total du programme, et des millions de kilomètres qui le séparent de la Terre.


Survolez l’image pour une description des instruments d’analyse d’échantillon.

Un commandement toulousain

Le projet Curiosity a été financé par la Nasa sur la base d’un appel d’offre international. C’est dans ce cadre que les chercheurs toulousains de l’Irap ont proposé le principe du ChemCam. La technologie en elle-même n’existait pas et n’avait aucun équivalent dans le monde. Du point de vue de la conception, celle-ci a été réalisée pour partie par les chercheurs de l’Irap concernant la partie « mât » de l’instrument (le MastCam sur l’infographie), tandis que les outils d’analyse, notamment le spectrographe, ont été réalisés par les équipes de la Nasa en Californie.

Dans un premier temps, les équipes toulousaines faisaient de nombreux allers-retours avec le Jet Propulsion Laboratory (JPL) à Pasadena en Californie – une situation qui permettait aux chercheurs d’être en lien avec le coeur névralgique de la mission Curiosity. Désormais, le contrôle des instruments est partagé entre le JPL et le French Instruments Operation Center (FIMOC), construit à Toulouse.

Et c’est une première : aucune mission de la Nasa n’avait été auparavant en partie pilotée par des personnels non-américains. Capable d’un millier de tirs quotidiens, la quantité de données qui est en train de s’accumuler est gigantesque.
Une autre phase du projet sera l’analyse de l’ensemble de ces observations, dont les premiers résultats sont attendus d’ici mars 2013.