Selon le président des budgets à la Commission européenne, austérité et crise économique menaceraient le financement du programme Erasmus à court terme. L’annonce pourrait n’être pourtant qu’un effet de manchette, d’autant que le célèbre système d’échange étudiant remporte un succès toujours aussi grandissant.

Info ou intox ? Va-t-on prochainement assister à la fin d’Erasmus ? Très largement reprises dans la presse c’est en substance le contenu des déclarations le 1er octobre dernier d’Alain Lamassoure, président des budgets de la Commission européenne – suscitant un véritable vent de panique dans le monde universitaire et au-delà.

Le coût du programme – 460 millions d’euros pour quelques 231 410 étudiants – se confronterait selon ce dernier aux coupes budgétaires des États-membres; une situation qui pourrait d’ailleurs affecter la plupart des autres projets. Près de 70% des bourses ont été d’ores et déjà versées à l’occasion d’un premier accompte… quant au second versement : « Certains étudiants pourraient être contraints de stopper leur programme Erasmus en cours de route… », déclarait-il le 3 octobre dernier.

« Certains étudiants pourraient être contraints de stopper leur année en cours de route … »

Mais attention à ne pas crier au scandale trop vite : une rallonge budgétaire devrait être très prochainement proposée au Parlement Européen. C’était d’ailleurs vraisemblablement l’objectif du commissaire européen, voulant illustrer les effets de la pénurie des budgets sur un programme que tout le monde connaît et qui est extrêmement populaire. Les quelques infographies suivantes illustrent bien cela :

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Les pays participants à Erasmus sont les 27 membres de l’Union européenne ainsi que trois des quatre membres de l’AELE (Islande, Norvège et Lichtenstein) + la Turquie et la Croatie en tant que candidats à l’adhésion à l’Union européenne.

Les dates clés

La nécessité d’un tel programme apparaît très tôt aux commissaires et ministres européens (1971), mais sa mise en place ne s’est pas faite sans heurts. Après cinq ans d’expérimentations, il faudra attendre l’arrivée de Jacques Delors en 1985 à la tête de la Commission pour qu’Erasmus voit le jour deux ans plus tard.

En France, la progression reste importante

Source : 2e2f.fr

Paradoxalement, la crise de 2008 ne semble pas avoir eu d’impact sur les échanges d’étudiants français via ce programme. L’évolution dans les autres États-partie est similaire, si bien que l’on attend environ 3 millions de participants pour l’année 2013/2014.

Un succès grandissant en licence et cycles courts

Source : statisticsforall.eu

Si la proportion d’étudiants de master semble rester constante sur la période, l’année de mobilité semble être un choix de plus en plus plébiscité par les étudiants de licences et de cycles courts (ex. DUT), alors que dans une moindre mesure, la part des doctorants est en baisse.

À la connaissance de ces chiffres l’idée que le programme Erasmus puisse être réellement supprimé ou restreint budgétairement n’apparaît donc pas réellement plausible.

De son côté, l’Agence Europe Éducation Formation France (2e2f) qui gère le versement des bourses a confirmé un peu plus tard dans un communiqué qu’elle n’était « pas en situation de cessation de paiement ».

Dans une déclaration du 3 octobre, soit le même jour que celle d’Alain Lamassoure, le premier ministre français Jean-Marc Ayrault parlait même de «faire monter le programme en puissance». Etudiant-e-s en mobilité, vous pouvez donc dormir sur vos deux oreilles… du moins pour le moment.