Qui connaît Geneviève Fioraso ? Car si son homologue à l’Éducation nationale, Vincent Peillon, truste depuis plusieurs mois le devant de la scène médiatique, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est d’une étonnante discrétion. Pourtant, de l’avis de tous, il est plus qu’urgent que le modèle universitaire français soit réformé. Passage en revue des réformes à venir.

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Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

Historiquement, l’université française a toujours été une usine à gaz à manipuler avec précaution sous peine d’explosion à la moindre étincelle. La réformer à la hussarde et vous prenez le risque de vous mettre à dos enseignants-chercheurs, étudiants, et syndicats. Demandez à Valérie Pécresse et sa loi LRU, allez voir Dominique de Villepin et son feu CPE – une réforme qui ne concerne pas directement la sphère universitaire, même si les étudiants ont été aux avant-postes de la mobilisation -, parlementez avec Luc Ferry et sa réforme LMD, ou même saluez Alain Savary et sa loi éponyme qui cristallisa la contestation estudiantine… Plus récemment, l’instauration des Idex, Labex et autres projets à caractère innovant ont fait grincer quelques dents dans la communauté professorale et scientifique.

Pas étonnant dans ces conditions que le nouveau président ait pris le parti du dialogue et de la concertation. Donner du temps au temps, la méthode Mitterrand « s’hollandise » lorsqu’il s’agit de l’enseignement supérieur. Résultat : depuis le 11 juillet dernier, ont lieu les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche , rassemblement où toute la communauté universitaire discute avenir, parle réussite estudiantine, débat réforme de la recherche… Une fois cette étape terminée – fin 2012 –, et la remise d’un rapport, la ministre entrera en action pour mener à bien la modernisation de l’université française et appliquer les promesses de campagne de l’ancien candidat du PS qui, pour mémoire, avait fait de la jeunesse l’un de ses chevaux de bataille électorale. Revue d’effectifs.

Lors du lancement des Assises de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso s’est donnée six mois pour penser « la rénovation des missions de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Si pour le moment, aucun chantier n’a été entrepris, la ministre a tout de même annoncé le moratoire sur l’application du décret fixant les modalités de l’évaluation des enseignants-chercheurs pris en 2009. Un geste accueilli favorablement par les acteurs de la profession. Autre annonce faite courant septembre, la divulgation des trois missions prioritaires suivies rue Descartes :

Le soutien aux étudiants

Fidèle au discours prononcé par le candidat d’alors à la faculté de Médecine de Nancy le 5 mars dernier, la réussite des étudiants reste l’une des priorités des équipes de Fioraso. « Il faut décréter la mobilisation générale pour le premier cycle universitaire » avait lancé François Hollande. Sept mois plus tard, l’objectif n’a pas changé. Sur les 60 000 postes créés dans l’Éducation, 5 000 seront directement affectés au niveau licence afin de lutter contre le taux d’échec – près de 50 % de redoublement – en premier cycle. Les gains attendus : plus de tutorat, un meilleur suivi personnalisé…

François Hollande souhaite également la mise en place « d’un plan national pour la vie étudiante » lequel prévoit en outre la construction de 40 000 nouveaux logements sur cinq ans ainsi que l’instauration d’une « allocation d’études supérieures et de formation sous condition de ressources ».

L’organisation de la recherche

« Il y a une autonomie à retrouver pour les organismes de recherche, notamment pour leur donner la capacité à définir des stratégies » a déclaré dernièrement la ministre. Se pose donc en filigrane la question du financement des projets, leur gestion, et leur exécution. Mais manque de moyens oblige, Geneviève Fioraso a invité la recherche française à se tourner en priorité vers l’échelon européen, peu avare en fonds en tout genre. Autre déclaration, le maintien des investissements d’avenir liés notamment au grand emprunt, mesure-phare du gouvernement Fillon, seulement corrigé à la marge vers une logique de plus grande « égalité territoriale ».

La gouvernance des universités

François Hollande a promis de sauvegarder le principe d’autonomie des universités tout en assurant vouloir revenir sur sa mise en place. Traduction : le gouvernement va promouvoir une « gouvernance plus collégiale et démocratique ». Par ailleurs, le président nouvellement élu a plaidé pour une application plus égalitaire de cette même loi LRU, voulant ainsi éviter l’édification d’un champ universitaire à deux vitesses. À cet égard, il prévoit un transfert des moyens : « le principe de compensation devra être respecté : à transfert de charge, transfert de moyens ». L’objectif à terme est donc, comme l’a précisé la ministre en juillet dernier, d’accompagner les vingt-trois universités en délicatesse budgétaire.

Des propositions ambitieuses en temps de crise, que le gouvernement devra faire accepter par la communauté universitaire à force de pédagogie et de concertation.

Après, reste la question épineuse du financement : avec un budget de 22,95 milliards d’euros, soit une augmentation de 2,2 % lors de la dernière loi de finance, le pôle enseignement supérieur et recherche s’en tire bien dans un contexte de restriction budgétaire. De là à savoir si cela sera suffisant pour passer des propositions aux actes…

Les 20 actions présentées par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lors de la conférence de presse du 18 septembre en marge des Assises