On ne change pas une formule qui gagne. Comme il y a quatre ans, l’école de commerce de Toulouse a revêtu sa tenue d’apparats couleur bannière étoilée le temps d’une soirée. Conférences, débats, shows musicaux et personnages haut en couleur, l’élection américaine version ESC ne manque pas de folklore US. Pas besoin de traverser l’Atlantique !

Les USA à la fête

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Sandrine, devant l’affiche de son candidat favori.

« Vous verrez, c’est vraiment une soirée à ne pas manquer. Pour la première élection d’Obama, j’y étais, et l’ESC avait déjà fait les choses en grand  », s’enthousiasme Sandrine commerciale, croisée à l’entrée de l’établissement. À la vue de son éch,arpe aux couleurs du drapeau yankee, il ne fait aucun doute que la soirée risque d’être placée sous le signe de la fête façon Oncle Sam. Quelques minutes plus tard, ça se confirme, lorsqu’une fois dans la salle principale, la langue de Shakespeare ne laisse guère de chance à celle de Molière. Des jeunes et des moins jeunes, à l’american style prononcé, se rassemblent pour parler pronostics. 300 sièges, 280 sièges, chacun y va de son petit chiffre personnel. De-ci de-là, des partisans du président sortant arborant des t-shirt « Obama 2012 » côtoient ceux plus rare de Mitt Romney. À la manière donc de ce qui se fait à Paris, ce soir, Démocrates et Républicains sont Américains avant d’être adversaires.

22 heures, la soirée commence enfin. l’ESC grouille, et les petites mains de l’organisation s’affairent. « A voté » s’égosille le président du bureau de vote fictif installé dans le hall. Éléphant républicain, âne démocrate, tout le monde se prête au jeu de l’élection et glisse avec amusement son bulletin dans l’urne. Sans surprise, on apprendra plus tard que Barack Obama a aussi gagné le cœur des Toulousains. N’empêche, le vote permet à chacun d’arborer fièrement un badge aux accents yankee « I voted », avec pour les plus chanceux une vignette au nom de leur candidat.

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L’Amérique à portée de vote donc, mais aussi de voix. Tout au long de la soirée, les sonorités du Nouveau Monde ont envahi les lieux. La country old school d’un club d’aficionados de Mirepoix a laissé la place à la magie du gospel canal historique avant de conclure par un retour au New-York post-Seconde guerre mondiale avec ses bars à Jazz et ses crooners maison. Ça danse, ça chante, les corps jourbillonnent, bref, la culture reste le meilleur agent de promotion de nos voisins outre-Atlantique.

S’informer, débattre

« C’est ça l’Amérique. Le temps d’une soirée, tu es dans un autre monde. Comme on dit au Texas : « Everything is bigger » » jubile Fred, Toulousain d’adoption ayant passé un an du côté des plages de Miami. Cet enthousiasme frenchy est partagé par nombre des représentants de la communauté nationale, en surnombre ce soir. « Si je suis venu ici, c’est surtout pour m’imprégner de l’atmosphère, de la culture, c’est un autre univers », conclut-il. L’ESC, nouvelle place forte des American addicts ? Il faut dire qu’entre les cravatés à bottes de cow-boy et chapeau texan et les quelques passionnés plastronnant avec leur tenue de l’US Navy, on a été servis niveau dépaysement. Une atmosphère qui a séduit les participants, peu importe leur chapelle politique, prêts à se prendre au jeu du plus-pro-Oncle Sam. Les « Vive l’Amérique » résonnent encore.

Mais au-delà des manifestations traditionnelles de l’American way of life, les chalands sont surtout venus chercher de la matière grise. Des clés de compréhension. Des grilles de lecture déchiffrables. Et ils ont été servis. Le tout-Toulouse américain a répondu présent à la désormais grand-messe électorale. Là, la consule des Etats-Unis, ici le représentant de la chambre de commerce américaine, là-bas des spécialistes de civilisation… À la tribune, le micro passe de main en main et chacun y va de son prêchi-prêcha citoyen. La politique étrangère d’Obama est passée au peigne fin, les enjeux du scrutin sont disséqués au laser, le système électoral décortiqué… Finie la rigolade !

Résultat : les chiffres fusent, les estimations s’entrechoquent, les faits sont rappelés et les promesses démontées… À la fin, l’élection façon US n’a plus de mystère pour les badauds présents. Côté couloir, l’art de la rhétorique a carte blanche. Des groupes d’étudiants enfilent les habits de conférenciers et débattent des sujets qui fâchent. Avec un mot d’ordre : exit la langue de bois.

2h30 du matin, le gros des troupes a quitté le navire et seuls quelques résistants rongent leur frein devant les écrans de CNN. Un premier résultat tombe : Mitt Romney devance Barack Obama de plusieurs dizaines de sièges. Alors, gagnera, ne gagnera pas ? Le sort du président sortant occupe toutes les discussions. En tout cas, incontestablement, le grand vainqueur de ce soir est le rêve américain à la Toulousaine.