Pour mener à bien les évolutions nécessaires à l’éducation, le gouvernement Ayrault propose une réforme qui a pour objectif principal de réconcilier enseignants, parents, syndicats mais aussi administratifs autour d’un concept cher aux Français: l’école de la République.

La concertation engagée en ce sens le 5 juillet 2012 par Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale et Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, est en elle-même un évènement. Pour la première fois, la gauche est en mesure de réaliser une grande concertation nationale sur ce qu’elle revendique comme son domaine réservé, l’école. Très attendues par ses opposants comme par ses partisans, les métamorphoses que veut entreprendre la gauche doivent marquer une réelle rupture, dans la lignée des promesses de François Hollande, « le changement, c’est maintenant ».
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_ Et du changement, le Président promet qu’il y en aura beaucoup ! Dès la rentrée 2013, des mesures dites « d’urgence » vont être mises en place. Tout d’abord, des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation, les Espé, remplaceront les IUFM, supprimés par le précèdent gouvernement, pour encadrer la formation théorique mais aussi professionnelle des enseignants.

L’effort portera également sur l’école primaire, dont il s’agit de repenser totalement le fonctionnement. Un retour aux quatre jours et demi de classe, comme avant la réforme de 2008, devra permettre ce réaménagement du temps scolaire. Le temps ainsi libéré laissera plus de place à l’aide personnalisée, une des réformes-phares avancée lors de la concertation. C’est en ce sens que la fameuse formule « plus de maîtres que de classes » a été avancée: l’incorporation dans les classes de professeurs supplémentaires doit permettre la prise en charge des élèves en difficultés. Une proposition qui ne pourra être sérieusement envisagée qu’avec la création des fameux 60 000 nouveaux postes évoqués lors de la campagne présidentielle.
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Deux mesures symboliques donc concernant la formation des enseignants et la réduction de leurs effectifs, que le PS juge responsables de l’état actuel du système scolaire français.

Plus qu’une refondation, un retour aux fondements
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Mais au-delà des mesures très médiatisées de la rentrée 2013, la gauche veut s’engager sur des chantiers de long terme jusqu’en 2017, pour « refonder » totalement l’école du XXIe siècle. A venir donc, plusieurs réflexions qui porteront sur le statut des établissements ZEP, RAR et ECLAIR, sur l’introduction du numérique à l’école, sur la réforme du lycée mais aussi sur la question de l’implication des collectivités territoriales dans la réforme de l’éducation. Autant d’engagements pour le moment évoqués, mais qui font déjà grincer les dents de la droite, qui se revendique comme l’instigatrice de nombreux projets avancés par le Parti Socialiste.
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_ Des rendez-vous importants en effet, du rapport Thélot daté du 12 octobre 2004, qui donnera naissance en janvier 2005, au projet de Loi d’Orientation pour l’Avenir de l’Ecole de François Fillon, aux différentes révisions impulsées par Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale de Nicolas Sarkozy, montrent des convergences entre la droite et la gauche.
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_ Reste que la formule « refondation de l’école » pourrait s’avérer un peu trop ronflante, car plus qu’une refondation totale de l’école, c’est un retour aux fondements, déjà évoqués dans la loi Jospin de 1989, qu’opère en réalité aujourd’hui le gouvernement socialiste.
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Budget: la question qui fâche
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Pour impulser des changements de grande ampleur, le gouvernement devra prévoir plus de moyens. Alors que le traité européen fait polémique et notamment le volet concernant la réduction des déficits à 3%, les syndicats s’interrogent: comment refonder l’école alors que les 35 milliards d’euros que doit économiser la France représentent deux fois le budget dévolu au primaire ? La création de 60 000 nouveaux postes et la fin du non-remplacement des fonctionnaires font par ailleurs dire à l’UMP que le programme pour l’éducation, bien trop coûteux, n’est pas viable.
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Dans ce cadre, l’Etat a diffusé le 28 septembre dernier son projet de loi de finances pour la refondation de l’école. « Un budget de fonctionnement soumis aux mêmes règles (i.e de restriction) que celles appliquées aux autres ministères », comme on le souligne sur le site education.gouv.fr. On y apprend entre autres, que le budget dévolu à l’enseignement augmentera de 130 millions d’euros dès 2013 pour supporter notamment le coût de ces nouveaux emplois, celui de l’aide individualisée à certains élèves en difficulté financière et en situation de handicap, ou encore l’investissement dans le numérique. En amont, des économies de matériels et une rationalisation de l’usage des structures seront réalisées afin d’éviter les dépenses inutiles.
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Autant de questions donc encore en suspens, qui rendront probablement la refondation de l’Ecole de la République difficile à mettre en place, d’autant que certains syndicats d’enseignants se montrent déjà très réticents.