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A chaque rentrée, une même polémique. Les frais d’inscription illégaux, se chiffrant à plusieurs centaines d’euros dans certaines facs, constituent la bête noire des syndicats étudiants, notamment de l’UNEF qui établit chaque année un classement des mauvais élèves. Des étudiants de plus en plus précaires, des universités qui se défendent haut et fort, des affaires qui finissent parfois devant les tribunaux… Le point sur le dossier chaud de la reprise des cours.

«Le montant des frais d’inscription est fixé par l’État. Tout ce qui s’y rajoute, excepté la sécurité sociale, est susceptible d’être illégal», explique Antoine Pount-Biset, président de l’UNEF Toulouse. Pour lui et ses camarades, les inscriptions sont synonymes d’un militantisme accru sur les campus toulousains, avec comme objectif principal l’information sur les frais légaux et le traitement des requêtes de certains étudiants victimes de l’abus des universités. En juillet dernier, trente facs en France sont accusées de pratiquer des frais d’inscriptions illégaux pouvant aller jusqu’à 800 euros, dans le classement annuel réalisé par l’UNEF. «Parfois, les facs s’en rendent compte et retirent ces frais abusifs. D’autres fois, il faut regrouper les plaintes, monter des dossiers et aller jusqu’à des recours contentieux auprès du tribunal administratif», raconte Antoine Pount-Biset.

Si le nombre de facs hors-la-loi est nettement en baisse, le combat continue pour les étudiants mis au pied du mur par des filières onéreuses, souvent classées à part dans la gamme des formations proposées par les universités. À Toulouse, c’est l’université de droit (UT1) qui culmine en haut du classement, en cinquième position : «Nous étudions une possibilité de recours auprès du tribunal… Mais ce sont des questions très techniques, cela demande du temps», déplore le président de l’UNEF Toulouse.

Des facs fauchées

Ces augmentations des frais d’inscription ne sont pas, selon les syndicats, anodines. Elles sont la conséquence d’une politique de désengagement massif de l’État dans l’enseignement supérieur, suite à la réforme des universités opérée par le gouvernement Sarkozy en 2007. Qui dit autonomie des facs dit aussi autonomie budgétaire… «La LRU de Valérie Pécresse a créé d’immenses inégalités entre les facs», explique Camille Apostolo, militante à l’AGET-FSE, «on demande alors aux étudiants de payer, mais ce n’est pas du tout à nous de renflouer leurs caisses !». Antoine Pount-Biset, lui, voit également une deuxième raison à cet engouement pour la tarification des formations : «Dans certaines filières, c’est carrément de la sélection sociale !». Ils craignent l’instauration d’une université à plusieurs vitesses, avec des qualités d’enseignement différentes selon les porte-monnaies.

Ainsi pointée du doigt, l’université Toulouse 1 Capitole a tenu à se défendre et à donner sa version des faits : «UT1 Capitole ne pratique pas de frais d’inscriptions illégaux», déclare Corinne Mascala, vice-présidente de l’institution. Les 575 euros figurant dans le classement seraient des frais pratiqués par l’Institut d’Administration des Entreprises, formation spécifique dispensée par l’université. «Il s’agit là de prestations facultatives et bien identifiées : des heures de langues, des stages en plus… Rien d’obligatoire !», continue-t-elle. Quant aux inégalités que cela pourrait générer entre étudiants, elle répond par la négative : «Cela n’impacte en rien la diplomation et l’insertion professionnelle des étudiants. C’est un plus pour ceux qui veulent approfondir leur formation».

Le cas Sciences Po

Pauline est étudiante en dernière année du diplôme (master SOPOREC) et sa rentrée cachait une bien mauvaise surprise : 410 euros de frais de «support pédagogique», dont le contenu reste très flou. «On peut se les faire rembourser, mais la décision demeure à la discrétion de l’administration… De toutes façons, si nous ne sommes pas boursiers, nous sommes obligés de les avancer», raconte-t-elle avec colère.

Plusieurs rendez-vous avec la direction, un conseil d’administration houleux… Le dialogue semble compliqué entre étudiants et équipe pédagogique. «Nous faisons une campagne d’information auprès des étudiants pour leur dire qu’ils ne doivent pas se sentir obligés de payer ces frais», explique Camille Apostolo. Il est cependant difficile de faire entendre raison à la direction, selon la militante : «On nous a dit que si on ne payait pas ces frais, les masters seraient fermés !», explique-t-elle, scandalisée. Le directeur de Sciences Po Toulouse, Philippe Raimbault, invité sur la radio associative FMR s’est défendu devant ses étudiants : «Que voulez-vous que l’on fasse ? Nous n’avons que très peu de financements. Si tous les étudiants demandent à se faire rembourser, nous serons en grande difficulté». Un bras de fer qui risque de se prolonger… jusqu’à la rentrée suivante.