Dans le cadre du festival Manifesto à Toulouse, une journée sur le thème des smartphones et de la photographie était organisée. Malgré les intempéries de ce samedi 29 septembre, une trentaine de curieux ont participé à différents ateliers sur le thème de « l’Iphonographie ».

Faire des photos n’a jamais été aussi simple. Les appareils compacts numériques et tout publics deviennent de plus en plus sophistiqués pour un prix toujours plus dérisoire. Il est bien loin le temps où l’on réglait le boitier argentique et que chaque photo mal cadrée coûtait de l’argent. Aujourd’hui, plus de film sauf pour les derniers irréductibles tel James Nachtwey. La photographie entre, elle aussi, dans l’ère du tout numérique et également dans l’univers du web 2.0, c’est à dire le web participatif. Le nom de cette nouvelle tendance : l’Iphonographie.

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Faire des photos d’art et les partager avec le reste du monde, « il y a une application pour ça ».
A croire que la marque à la pomme est en train de faire muter les pratiques culturelles en plus de nos modes de vie. Cependant le mouvement dépasse Apple et ses Iphones. Chaque « téléphone intelligent » peut aujourd’hui servir d’appareil photo argentique, grâce à des applications proposant aux utilisateurs différents filtres permettant de retoucher leurs photos afin d’en faire de véritable œuvres d’art.
La plus connue, Instagram a même été racheté par le géant bleu Facebook pour la modique somme d’un milliard d’euros. Avec à ce jour près de 100 millions d’utilisateurs, l’application est devenu un véritable réseau social. « Rien que sur Toulouse, nous comptons 630 abonnés à notre compte Twitter », note la représentante de « instagramersfrance », une association internationale, « la Ville rose est l’une des plus actives de France ».

La journée était organisée par l’association « Dixpardix » dont Fabrice Féval est le représentant : « L’objectif est de mettre en relief la culture photographique et de montrer le côté artistique du téléphone ». L’invitation à cette dixième édition de Manifesto ne l’a donc pas surpris « l’Iphonographie est un phénomène qui prend de plus en plus de place dans l’art. Ce n’est pas la technique qui fait l’œil ».

Damon Winter photographe pour le New York Times a remporté en 2011 la troisième place du célèbre prix « picture of the year » avec ses photos « Hipstamatic » prises lors d'un reportage avec les soldats américains en Afghanistan.
Photo ci-dessus : Damon Winter, photographe pour le New York Times, a remporté en 2011 la troisième place du célèbre prix « Picture of the year » avec ses photos « Hipstamatic » prises lors d’un reportage avec les soldats américains en Afghanistan. (Crédit : www.damonwinter.com/)

Une nouvelle ère pour le photojournalisme ?

Il en faudra cependant davantage pour que le photojournaliste mette son boîtier numérique à la poubelle pour profiter de la technologie des smartphones. Certains commencent cependant à franchir le cap de la « photo mobile ». Dan Chung, photojournaliste du Guardian a par exemple couvert les jeux olympiques de Londres avec son Iphone 4S et certains de ses clichés rivalisent sérieusement avec des prises de vue au boîtier numérique dernier cri. La très célèbre agence photo Getty Image supporte également la pratique à travers le reportage de Benjamin Lowy en Libye.

Cet usage est critiqué par une partie de la profession, déjà inquiète quant à son avenir. Certains annoncent même la fin du photojournalisme. En cause, le monopole de certaines agences comme l’AFP, qui fausse les prix des photos. Ou encore la crise que traverse la presse en général, qui fait de plus en plus appel à des pigistes, précarisant davantage la profession.

Dès lors, en attendant un éventuel passage à l’acte de la nouvelle ministre de la Culture qui dit « avoir l’amour de la photographie » l’Iphonographie n’aide pas forcément à remettre en valeur la profession de reporter-photographe alors qu’une partie de l’opinion pense qu’une application mobile peut remplacer le matériel professionnel et avec lui un savoir faire technique. Cependant, une chose est sûre, le matériel ne remplacera jamais l’œil du photographe ni la démarche du journaliste.