A Toulouse, la salle de concert Le Bijou propose de vous livrer… des chansons ! Après une première édition réussie le samedi 20 février, un nouveau créneau a été mis en place le samedi 6 mars. Retour sur des concerts hors du commun.

Le concept s’appelle « Delivreznoo », « un jeu de mot entre la célèbre plateforme de livraison de plats préparés et le besoin croissant de sortir de cette situation », explique Pascal Chauvet, le directeur de la salle à l’origine de ce projet. « On a même voulu tout faire à vélo, pour vraiment coller au schéma de ces livraisons à domiciles. Mais le but n’était pas d’épuiser les artistes et de servir des concerts essoufflés aux spectateurs. On a abandonné l’idée !« , plaisante-t-il.
Fermée depuis le 30 octobre comme toutes les autres salles de concerts en France, Le Bijou a d’abord organisé des concerts Livestream. « C’était bien, mais ce n’était pas très satisfaisant humainement… Il manquait un public », explique Pascal Chauvet. C’est donc assez naturellement qu’est venue l’idée d’amener les concerts à ceux qui auraient aimé aller en voir.
« On est parti de l’idée de faire comme à la Cave Poésie, qui fait du « Clic and rapplique » – venir chercher une chanson directement à la Cave Poésie, une salle culturelle toulousaine – mais l’aménagement chez nous faisait que ce n’était pas possible. C’est là qu’on a décidé d’aller livrer directement la chanson à domicile. On la livre, puis on s’en va. »

 

Logo de Delivreznoo. Crédit image : Le Bijou (https://www.le-bijou.net)

Un concept innovant qui s’adapte à la situation sanitaire actuelle. La mise en place du projet ne demande pas d’autorisation particulière puisque les concerts se déroulent dans l’espace privé, sur une plage horaire (11h-17h) permettant le respect du couvre-feu.
Les seules contraintes sont les gestes barrières, soigneusement respectés. « Les spectateurs portent le masque tout du long. L’artiste le retire simplement le temps de la chanson, puis le remet aussitôt. On se désinfecte les mains, on maintient la distance,… On livre nos chansons dans le respect des règles sanitaires. »

Entrée en scène

La première session qui s’est déroulée le 20 février a rencontré un franc succès. Rapidement, le concept a fait parler de lui, à l’échelle régionale et nationale. « On a eu un retour de presse totalement dingue ! », s’exclame Pascal Chauvet. « Ça a fait connaître le concept, et ça s’est répandu rapidement, comme une trainée de poudre », ajoute-t-il.
Une première session chargée en émotion ! Notre interlocuteur nous raconte cette journée : « Pour les artistes comme pour les auditeurs, c’était une journée pleine d’émotion. Les artistes étaient ravis de revenir chanter pour du monde, pour « un vrai public ». Pour le public aussi, c’était des retrouvailles culturelles pleines de bonheur. »

22 créneaux qui se sont « vendus comme des petits pains » ont été divisés entre deux artistes, envoyés aléatoirement chez les spectateurs.
Pour le directeur du Bijou, garder surprise l’identité de l’artiste est en phase avec le fonctionnement de la salle de concert. « Le Bijou est pensé de la même façon. Les spectateurs viennent voir des artistes qu’ils ne connaissent pas. En procédant de la sorte, on conserve l’identité de la salle tout en recréant le lien culturel entre les artistes et le public. »
La première session a connu un tel succès qu’une deuxième édition a été mise en place pour le samedi 6 mars.

Réédition

Cette fois aussi, ce sont 22 créneaux pour 2 artistes qui seront disponibles. Les réservations sont ouvertes depuis le 26 février, et déjà, le 1er mars, il ne reste qu’une poignée de places disponibles.

Une nouveauté à été mise en place pour cette deuxième édition : il est possible de choisir son « menu » musical : « La chanson du jour » à 5 euros (une chanson unique, à l’image d’un plat unique), « Le complet » à 15 euros ( 3 chansons, comme un entrée/plat/dessert), et le « plateau à partager » à 30 euros, couvrant 5 à 6 chansons pour un mini concert à vivre entre amis (comme un menu dégustation).
« On a voulu faire quelque chose d’amusant, en jouant de nouveau sur la ressemblance de Delivreznoo et de la livraison de plats à domicile. C’est aussi une incitation à profiter d’un peu plus de musique, et à la partager en famille ou entre amis. Comme avant. », explique Pascal Chauvet.

Le concept plait tellement qu’il commence à se diffuser plus largement : des sessions ont été organisées par d’autres salles de concerts, à Lautrec et Perpignan par exemple. A Toulouse, Le Bijou couvre déjà tous les codes postaux de la ville.
Ce concept, Pascal Chauvet le reproduira peut-être encore après la réouverture. « On est en train d’y réfléchir, mais ça a quand même un coût. Même si la chanson est à 5 euros, l’artiste reçoit un vrai cachet pour une journée de travail. Finalement, c’est un coût résiduel important pour nous. Mais oui, on aimerait continuer à pouvoir livrer de la musique à ceux qui ne peuvent pas venir l’écouter directement. On étudie le projet. »

Toulousains et toulousaines qui souhaiteraient s’offrir des retrouvailles culturelles à domicile, n’hésitez pas à aller réserver votre menu musical juste ici. Notez quand même qu’à la différence d’un bon burger/frites, nous ne sommes jamais rassasiés de musique. À consommer, donc, sans modération.

Image : « Guitar » by PiNe87 is licensed under CC BY-NC-SA 2.0