Le festival Cinélatino, qui a pour but de diffuser les films qui sont hors des circuits commerciaux d’Amérique Latine, et ce depuis vingt-quatre ans, nous enchante grâce à son programme exigeant et à son esprit convivial.
Du 23 mars au 1er avril auront lieu à Toulouse les Rencontres des Cinémas d’Amérique Latine. Créées en 1989 par un ensemble d’associations de solidarité avec l’Amérique Latine, ce festival renouvelle depuis, chaque année, la gageure de porter un regard différent sur des cinémas pas tout à fait conventionnels. Donner une place aux films exclus des circuits commerciaux, c’est bien le but de ce festival, et on s’y retrouve chaque année avec plus de bonheur. C’est donc une programmation marquée de l’étiquette “film d’art et d’essai” qui fait éclore ce printemps de l’image toulousain.
Un festival diversifié
Le festival se décline dans de nombreuses salles toulousaines, comme la Cinémathèque, le Cratère, mais aussi le Gaumont, la salle du Sénéchal, la Maquina Tanguera… Certaines projections seront suivies de débats, d’autres seront présentées par le réalisateur ou la réalisatrice du film, ou encore par l’équipe de tournage.
De nombreuses dimensions du cinéma latino-américain sont représentées dans le programme. Le cinéma de comédie d’Uruguay, un “autre visage” du cinéma argentin, mais aussi le cinéma latino-américain fait par des femmes, avec par exemple la projection d’un ensemble de courts-métrages au féminin sur le thème de Cuba.
On pourra aussi assister à divers “panoramas”, comme ceux portant sur le court-métrage, sur la fiction, sur les classiques ou sur les documentaires. À ne pas manquer, la rétrospective Jodorowski (El Topo, La Montagne Sacrée), réalisateur chilien inclassable, entre la révolte et le psychédélique.
Cinélatino est aussi l’occasion de compétitions de cinéma, celle de long-métrage de fiction, de documentaire et de court-métrage.
Le festival s’ouvre également, dans un effort remarquable, aux publics “différents”. C’est ainsi qu’il s’inscrit dans une démarche de diffusion du cinéma aux publics en région, c’est-à-dire ceux qui n’habitent pas en ville ou qui ne pourraient peut-être pas se déplacer pour assister au festival, un effort pour réduire la dichotomie culturelle entre la ville et la campagne.
Le jeune public se trouve cette année encore honoré avec un programme spécial de courts et longs-métrages. Coup de chapeau enfin à la volonté, tout au long du festival, de faire accéder les publics malentendants aux projections et aux débats.
Bref, il y en a pour tous les goûts dans les quelque 200 projections qui auront lieu à partir de ce vendredi.
Le printemps de Toulouse
Le changement de cette année réside dans le nom. En effet, le festival s’appelle maintenant Cinélatino rencontres de Toulouse, une touche moins formelle qui reflète bien l’esprit de l’évènement.
On suppose pourtant qu’en plus de la ligne éditoriale exigeante que nous évoquions plus haut, le festival gardera ses couleurs. Des associations en pagaille, des livres en veux-tu en voilà, des bénévoles souriants et enthousiastes.
Mais aussi, et c’est ce qui fait tout le charme de ce festival, ce centre névralgique que constitue la cour de la Cinémathèque, rue du Taur. Impossible de décrire vraiment l’ambiance si particulière du Cinélatino : un certain frémissement dans l’air, toujours beaucoup de tolérance et de bienveillance de la part de l’équipe, des professionnels du cinéma accessibles et qui discutent volontiers image autour d’une bière, un esprit de fête éclatant et, en un mot, humain, qui donne envie d’une solidarité réelle avec l’Amérique du Sud… Un vrai bonheur !
Si vous aimez le printemps, votre joie sera complète à voir les jeunes feuilles vertes des arbres de la cour, à sentir la douceur du soir et à boire un coup à la buvette. Comme toujours, l’air résonnera de l’espagnol qui se décline dans tous les accents de l’Amérique du Sud, parlé par tout ce que la ville rose comporte d’Argentins, d’Uruguayens, de Chiliens, de Vénézuéliens… et de Toulousains qui s’essaieront au tango (projection suivie d’une soirée milonga à la Maquina Tanguera le dianche 25 mars à 17h) ou à la salsa.
Des apéros-concerts seront organisés tous les soirs dans la cour, comme la tradition l’exige. Chaque soir représentera un style de musique différent. De quoi ravir ceux qui aiment le son en plus de l’image.
Le site des rencontres CinéLatino : programme, démarche, prix des séances, histoire