L’opinion publique ne cesse de fustiger le désintéressement des jeunes pour la politique. Dans un rapport constant au passé, la comparaison aux aînés, « modèles en la matière », dénonce leur inertie.
Cette tendance semble s’observer dans la participation aux élections. Comme le montrent les chiffres de l’INSEE, en France, comme en région, le vote systématique augmente à mesure que l’âge augmente, l’abstentionisme chez les jeunes serait donc un fait notable. Pourtant ces chiffres ne rendent pas compte de la complexité du phénomène.
Force est de constater, pour Anne Muxel, sociologue au CEVIPOF (Centre d’études de la vie politique française) et auteur de l’ouvrage L’expérience politique des jeunes, que nous n’avons pas de bonne leçon à recevoir de nos parents. Il semblerait que, depuis les années 1970, le comportement électoral des jeunes n’évolue que très peu. Nous serions, tout comme nos parents « désabusés » et plutôt conformistes, en bref, sans désir radical de changement.
La raison : l’alternance, qui semble peu illustratrice du changement profond entre la droite et la gauche une fois au pouvoir. Mis à part les extrêmes, dont les jeunes ont tout de même tendance à se méfier, les gros partis laissent les électeurs novices dubitatifs quant à leurs capacités de changement radical de la société.
Une nouvelle forme de mobilisation
Mais attention, la mobilisation politique des jeunes ne disparaît pas, elle évolue, l’abstentionnisme n’est donc pas à prendre au pied de la lettre. L’action politique des jeunes, loin de disparaître, se « désinstitutionalise« , comme le dit Anne Muxel : » Elle tend à devenir plus ponctuelle et moins ciblée« .
La distance vis-à-vis du jeu électoral ne doit pas inquiéter, car l’action politique s’inscrit bien souvent ailleurs, dans la mobilisation collective. Le temps semble jouer, car la véritable mobilisation électorale se détermine plus tard, grâce à la première expérience politique dans la vie associative et militante.
Anne Muxel, 1996, Les Jeunes et la politique, Hachette, 134 p Paris