« Faites des stages, c’est valorisant et c’est obligatoire pour trouver un emploi aujourd’hui ». Le discours du personnel universitaire est plus ou moins commun à tous les établissements de France et de Navarre. Dur dur pourtant pour l’étudiant qui doit faire un choix entre une ligne de plus dans son CV et remplir son frigo.

Pourtant trouver un stage rémunéré relève bien souvent du parcours du combattant. Déjà, rien dans la loi ne permet à l’établissement d’obliger une entreprise à rémunérer ses stagiaires, en dehors du cadre juridique en vigueur depuis 2009. En effet, le décret de la même année oblige les entreprises à payer leurs stagiaires au bout de deux mois consécutifs à hauteur de 12,5% du plafond horaire de la Sécurité sociale, soit 417,09 euros en 2011.
C’est principalement pour cette raison que les entreprises ne signent presque que des conventions de moins de deux mois. Sarah, étudiante en journalisme à Sciences Po Toulouse ne restera donc que deux mois à la locale de Rue 89, mais elle ne se plaint pas pour autant de sa situation : « Certes, je ne suis pas payée, mais je fais quelque chose d’intéressant et cela me plaît ».

« Stagiaire bénévole »

Accepter de ne pas être rémunérer afin de faire ce que l’on a choisi, c’est le lot de nombreux étudiants, notamment en journalisme, un secteur dit « en crise », connu pour ses innombrables postes en CDD. Gérard, également passé par la case journalisme à l’IEP de Toulouse a choisi de ne pas être payé, voire même de braver la loi pour faire ce qu’il aime, travailler dans un journal militant. « Je suis plus bénévole que stagiaire, mais il faut savoir qu’il est impossible aujourd’hui d’avoir un stage rémunérer dans ce type d’entreprise de presse ». Une situation difficile financièrement mais plus intéressante pour l’étudiant : « Ça change de la rédaction de brèves pour La Dépêche du Midi ! Okay je ne suis pas payé, mais je fais de la vidéo, du terrain, et j’ai même des responsabilités ».

De ce point de vue, le stage revêt alors son statut d’outil pédagogique. Un moyen d’enrichir son CV, remplir son carnet d’adresse et une des solutions pour trouver sa voie. Cependant comme le souligne Sarah, « un stagiaire c’est quand même un employé bon marché et les entreprises trouvent toujours le moyen de contourner la loi ». En effet lors de son stage dans un média français présent à l’étranger, elle avait travaillé trois mois sans obtenir de « gratification », illégal en France mais une pratique répandue : « La rédaction ne comptait quasiment que des stagiaires non rémunérés ».

L’avenir n’est donc pas rose pour les étudiants « contraints » de passer par la case « stage en entreprise » car les opportunités d’emploi sont faibles. Même si, selon la loi, un stage peut dans certains cas prendre la place de la période d’essai, voire même être pris en compte lors du calcul des droits liés à l’ancienneté. Peut être une explication de plus au fait qu’il est très difficile d’obtenir un stage de plus de deux mois, dans le journalisme et ailleurs.