Pour sa 84e édition, la cérémonie des Oscars a récompensé Meryl Streep pour le rôle de Margaret Thatcher dans « La Dame de fer ». L’actrice américaine a en effet interprété avec brio celle qui a dirigé le Royaume-Uni dans les années 1980. À la sortie des salles, on reconnaît avec plaisir le talent d’une grande actrice mais l’on reste insatisfait concernant le scénario.

dame_de_fer_art.jpg

La réalisatrice, Phyllida Lloyd, et sa scénariste Abi Morgan, présentent la seule et unique femme Premier ministre d’Angleterre sous l’angle intimiste. Elles évitent ainsi d’approfondir le côté politique de ce personnage public surnommé la « Dame de fer » en raison de ses positions tranchées. Ne serait-ce pas un moyen d’éclipser toute la complexité d’une figure politique à la fois aimée et détestée ?

Certes, la réalisatrice évoque l’ascension politique au sein du parti conservateur, les mesures sociales impopulaires ou le conflit des Malouines mais ces événements ne sont là que pour illustrer un parcours de vie résumé, de manière simpliste, à la prise et à la perte de pouvoir d’une femme dont on ne comprend pas les réactions politiques.

Ainsi, après avoir vu le film, on n’est pas beaucoup plus avancé. Margaret Thatcher qui, à plus de 80 ans, discute de manière sénile avec son défunt mari inspire un sentiment de pitié voire de compassion. C’est pour le côté humain. Pour le côté politique, nous n’en savons pas plus. Comment peut-on expliquer les mesures conservatrices et libérales d’une femme issue d’un milieu modeste ? En quoi la vie politique a-t-elle forgée cette image de « Dame de fer » ? Des questions qui restent sans réponse.

Un biopic au goût d’inachevé

Peut-être que Phyllida Lloyd a prévu un second volet pour enfiler la main de velours dans le gant de fer. En attendant, son film nous ouvre l’appétit et nous donne l’envie d’en savoir plus sur ce personnage énigmatique qui a secoué la Grande-Bretagne de 1979 à 1990.

La réalisatrice a produit un film biographique incomplet qui ne permet pas de comprendre toutes les subtilités d’un personnage controversé dont le nom alimente toujours les discussions des Britanniques. Pas sûr que tout le monde apprécie le côté si humain d’une Dame dont les mesures impopulaires ont enflammé la société anglaise. La rendre sympathique ne suffira surement pas à éclipser sa politique conservatrice. Ce n’est pas faute d’avoir essayé au détriment de la réalité politique et historique.