Trois semaines après les premières réunions, la contestation du nouveau régime d’assiduité ne mobilise toujours pas les masses iepiennes. Ce qui n’empêche pas les réflexions sur cette politique de se poursuivre.

«Mercredi, 12h30, amphi Montesquieu !». Le rendez-vous est devenu hebdomadaire pour les étudiants opposés au nouveau régime d’assiduité de l’IEP (voir les précédents articles parus sur « Univers-Cités » ici et ici).

Depuis bientôt un mois qu’ont débuté les réunions, chaque semaine est l’occasion de quelques nouveautés. Après une première assemblée générale enthousiaste rassemblant une cinquantaine d’étudiants, la suivante a fait place à une radicalisation en exigeant l’arrêt total de la prise en compte des absences.

Une semaine plus tard, la situation a quelque peu évolué. L’administration a réagi à la fois par le biais d’une interview croisée dans Univers-Cités et par un courrier aux cinquième année. Si les motifs de justification des absences se sont un peu élargis, il n’est pas question de remettre en cause le principe de ce tour de vis dans leur contrôle. Et encore moins de le supprimer, ce qui serait illégal vis-à-vis du ministère de l’Enseignement Supérieur.

Des applications toujours floues

C’est dans ce contexte assez fermé que s’est tenue la troisième assemblée générale, mercredi 23 novembre. Petite nouveauté, on ne croise pas uniquement les habitués des AG et les syndicats étudiants. Une trentaine de première et deuxième année ont voulu voir de quoi il retournait. Le débat tourne autour de la manière de sortir de l’impasse actuelle, tout en demandant à ce que cesse le flou artistique entre les déclarations de l’administration, les décisions prises au cas par cas, et l’application très aléatoire des nouveaux dispositifs par les professeurs. «On veut un cadre général clair qui s’applique à tous mais qui ne soit pas uniquement du contrôle et de la sanction».

Des alternatives multiples

Si plusieurs solutions sont avancées, l’essentiel dépend du bon vouloir de l’administration. Certains proposent ainsi de restaurer, comme c’est le cas à l’ESC, un système de tolérance sans sanction pour une ou deux absences, par principe, mais cela est pour l’heure totalement exclu par l’administration. A l’UNEF, on propose de créer une note régressive, comme l’explique Raphael Bonnier :«On part dans chaque matière avec une note de 20/20 en assiduité. Et on réduit à chaque absence non justifiée de cinq points. A la fin du semestre, on a au pire un 0/20 coefficient 1 qui est beaucoup moins pénalisant que l’équivalent de -4 points sur la moyenne». Ce principe un brin compliqué est en fait directement repris de l’université Paul-Sabatier où il est déjà en œuvre avec un certain succès. Une mesure qui suscite l’amusement de Philippe Raimbault :« Une note faiblement coefficientée pour récompenser ou sanctionner l’assiduité ? Ce n’est pas très risqué !» Enfin, les derniers préfèrent en rester au système actuel en établissant une liste plus exhaustive des motifs d’absence, même si «il y aura toujours des situations que nous considèrerons comme une absence légitime mais qui ne seront pas tolérées par la direction».

Vers le CA de la mi-décembre

Même si l’impression d’un blocage persiste chez les étudiants, l’administration a ouvert quelques portes, notamment en ce qui concerne les étudiants travailleurs. Ainsi, un statut de l’étudiant salarié devrait être débattu lors des prochaines séances de la Comission des Etudes et de la Vie Etudiante (CEVE), avant d’être mis au vote au Conseil d’administration de la mi-décembre où siègeront pour la première fois les nouveaux élus étudiants (5 pour l’UNEF, 3 pour2-Ter-Cé, 1 pour l’AGET). Une échéance qui concentre beaucoup de questionnements. En effet, le nouveau régime d’assiduité a été voté à l’issue d’un CA, et quels que soient les aménagements qui seront pris, seul le CA peut donner une valeur réelle à ces décisions. Dès lors, les moyens d’action envisagés se dirigent pour l’essentiel sur la manière d’influer sur ce rendez-vous pour qu’il en sorte le plus d’avancées possibles.

Le trop faible nombre d’étudiants présents après une heure et demie de discussion n’a pas permis d’esquisser un vote ni même une décision, encore une fois. Le débat ne rassemble certes pas les foules, mais, les étudiants mobilisés en sont convaincus, il permet au moins de soulever des questions qui sont généralement considérées comme allant de soi. Un signe encourageant pour poursuivre la protestation. Rendez-vous donc pour la suite de cette petite aventure mercredi prochain, 12h30, amphi Montesquieu. «Comme d’habitude», diront certains.

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Lucille, étudiante en 4e année, fait partie de cette mobilisation depuis le début. Pour elle, ce mouvement va au-delà de la simple questions des absences en cours. Nous l’avons interrogée sur le sens qu’elle lui donne.

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