Hip-hop, électro, jazz et tchatche… Good Morning Toulouse revendique l’éclectisme et l’esprit radio libre, version 2.0. Un an après la création de la webradio, son jeune président dresse un bilan plutôt positif. Rencontre Malo Herry, étudiant en deuxième année à l’IEP.

« Univers-Cités » : Pourquoi avoir créé une webradio à Toulouse, alors qu’il existe déjà plusieurs radios associatives en ligne comme CampusFM ou FMR?

Malo Herry : On estime qu’on ne fait pas la même chose. Quand j’ai parlé du projet autour de moi en automne dernier, plusieurs personnes étaient enthousiasmées. C’est là que je me suis dis que ça valait le coup de se lancer.

Aujourd’hui, combien de personnes participent à GMT ?

En septembre dernier, on a commencé à dix ; quatre sont partis à Montréal mais continuent à animer le site. Maintenant, il y a une quarantaine de personnes qui participe à la radio, et on reçoit encore des postulations…

Comment avez-vous réussi à vous faire connaître?

On est beaucoup passé par les réseaux sociaux : étant donné qu’on est une radio en ligne, ça nous permettait de cibler notre public. On a aussi beaucoup utilisé les webzines et le bouche à oreille. Et France3 Sud a fait récemment un reportage sur nous.

Avez-vous établi une ligne éditoriale ?

Il n’y en a pas vraiment, c’est le principe d’une radio collaborative. Les gens arrivent avec un projet d’émission, et nous on leur donne les moyens de le faire. Si quelque chose ne va pas, on va le dire, mais on est pas là pour juger sur le contenu.

Alors comment abordez-vous les sujets politiques ?

Notre règle, c’est la confrontation des idées. Par exemple, un comédien va bientôt faire une émission sur l’homosexualité, en invitant un représentant de l’Église et un metteur en scène ayant traité le sujet.

Comment se gérent les aspects techniques d’une webradio?

Pour l’instant, on se débrouille avec ce que l’on a. Je fais de la musique depuis le lycée, alors j’avais déjà un peu de matériel, une table de mixage et des micros. Comme je vis colocation, on a de la place pour les enregistrements; et puis quelques personnes ont acheté un micro pour faire leur émission de chez eux.
On va bientôt pouvoir acheter du nouveau matériel avec l’argent des soirées. Celle qu’on a fait au cri de la Mouette pour notre lancement a rassemblé quasiment 300 personnes, le double de la capacité de la salle [sourire modeste].

Et l’aspect juridique (les droits d’auteur par exemple)?

En France, il y a un gros problème avec les webradios : tous les organismes de droit d’auteurs sont en retard. Nous, on a fait des demandes, mais on a eu aucune réponse jusque là. Pour les podcasts, la SACEM [Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique] n’a aucun forfait élaboré pur l’instant, ni la SCPP [Socété Civile des Producteurs Phonographiques], qui nous a demandé de négocier avec chaque maison de disque. Des radios associatives nous ont dit que c’était inutile… Logiquement, comme on est bénévole, c’est infaisable.

Quelles sont les émissions qui marchent déjà bien ?

Les émissions musicales en général, et un rendez-vous d’actualité animé par trois élèves de l’IEP. Ils ont notamment produit une émission sur le changement de majorité au Sénat avec des micro trottoirs, en interrogeant des sénateurs. Claire Conte [professeur de droit à l’IEP] était invitée à réagir.

Quel est le lien entre l’IEP et Radio GMT ?

L’association a été créée en décembre dernier… Nous avons ainsi déposé un dossier il y a peu, et on compte sur les subventions. Mais le principe, c’est de faire une radio ouverte, pas forcément iepienne, mais toulousaine. Si c’est SciencesPo qui parle, ça s’entend et ce n’est pas très enrichissant. A GMT, on a des gens qui viennent des autres facs, quatre personnes de l’INSA, des comédiens…

Pas trop dur de concilier cet engagement avec les études?

C’est dur, mais vu que c’est un projet motivant, il y a toujours moyen de se bouger. L’an dernier a été difficile parce que je cumulais plusieurs fonctions, comme cela se passe souvent dans l’associatif… Depuis le début de l’année, on a réussi à cloisonner les rôles et on est plus efficaces.

C’est peut-être en lien avec ton projet professionnel?

Je suis passionné de radio mais je ne suis pas prêt à en faire mon métier. Grâce à mes parents j’ai toujours été dans le monde de la culture et je sais ce que c’est.. Moi, j’aimerais travailler dans l’environnement. Mais certains étudiants qui ont participé à GMT ont réussi à valoriser cette expérience pour accéder à des stages, ou tout simplement pour entrer dans un cursus journalisme.

Quels sont les objectifs de GMT?

On a mis du temps à trouver des outils techniques. Maintenant que le projet est monté, il faut qu’on réussisse à fidéliser l’auditeur en améliorant la qualité des émissions. On veut se professionnaliser tout en restant ouvert.

Pour écouter GMT : http://radiogmt.com/