Dans un mois, les 10 et 11 décembre prochains, se tiendra le septième tournoi international de taekwondo, à Paris. L’occasion de nous intéresser à ce sport olympique et pourtant pas si connu, ainsi qu’à ceux qui le pratiquent, à Toulouse.

Le gymnase est la seule bâtisse qui éclaire encore la place Saint-Sernin. Le jour tombe et un régiment de sacs à dos et de ballons défile dans les couloirs. « Pour le taekwondo, c’est en haut », m’indique-t-on.

C’est en effet là, sous les voûtes du vieux bâtiment que les participants s’entraînent plusieurs fois par semaine. Tout en blanc, alignés, ceintures noires ou plus colorées s’exécutent dans un silence quasi religieux, seulement brisé par les cris qui accompagnent les jetés de jambes.

L’un d’entre eux se détache du groupe. Peut être parce qu’il paraît encore plus concentré, ou qu’il exécute les figures à la perfection. Son dobok [la tenue réglementaire, ndlr] est flanqué de la bannière « Mauritius » au dos. Venu étudier le droit en France il y a six ans, Ryan concourt pourtant toujours sous les couleurs de l’île Maurice. A 23 ans, il est « ceinture noire, deuxième dan ». Le taekwondo et lui, c’est déjà une vieille histoire. Une histoire qui l’a suivi jusqu’à Toulouse « Quand je suis arrivé de Maurice, où je pratiquais déjà depuis trois ans, j’ai choisi le club le plus près de chez moi. Et il s’avère que c’est un des meilleurs au niveau national ».

P1060676.jpg

Comme une deuxième famille

La grande horloge indique 19h30. Les petits hommes en blanc se mettent par deux pour pratiquer les mouvements : les forts avec les moins forts, les grands avec les petits. Pour s’entraider et apprendre. Des rires étouffés s’échappent parfois des duos, vite repris par le professeur. Plus qu’une rigueur, l’ambiance est empreinte d’une camaraderie respectueuse.

Et ce n’est pas Ryan qui dira le contraire sur le club, sa deuxième famille. « Quand on débarque en France pour la première fois et qu’on se retrouve dans un amphi de droit de 800 personnes, on se dit clairement que pour les rencontres, il faudra repasser. Avec le club, je me suis fait de vrais amis, que je vois aussi bien à l’extérieur du club ».

P1060690.jpg

Une histoire de patience

19h45. Les ceintures se raccordent pour l’heure des combats. Casque, protège-cheville, jambière, le taekwondo est célèbre pour ses techniques de pied spectaculaires. Et ce qui l’est tout autant pour le spectateur, c’est la précision, la finesse avec lesquelles sont réalisés les mouvements. Pas de violence, ni de précipitation. « Le taekwondo, c’est aérien, ça vole. C’est pour ça qu’il séduit autant les filles », plaisante Ryan.

Sport coréen ancestral, chacune des figures, chacune des positions porte le poids des valeurs traditionnelles asiatiques. Le professeur attend patiemment que pas une manche ne soit retournée, que pas un cheveu ne dépasse du chignon pour le salut final, expression du respect de ceux qui ont précédé.

Le taekwondo est affaire d’humilité, et de patience. « Comme pour les dans », explique Ryan, « il faut des années pour les gagner ». S’armer de patience, de courage et d’abnégation, tels sont les maîtres mots de ce sport, ou devrait-on dire cet art, tant il emporte avec lui d’histoires.