Plusieurs centaines de participants au mouvement du Convoi de la liberté ont fait escale à Toulouse ce jeudi 10 février. L’occasion pour tous de se retrouver, d’échanger, et surtout de porter des revendications très diversifiées.

Dans la fraicheur de la matinée, une quinzaine de silhouettes s’affaire dès neuf heures sous le rond-point de Sesquières, au bout de l’avenue des États-Unis. Ces hommes et ces femmes sont arrivés tôt afin de pouvoir installé un stand de ravitaillement improvisé, mais qui est tout de même bien organisé. Café, viennoiseries, sandwichs, boissons, paniers repas, tout est fait pour que les convoyeurs puissent reprendre des forces avant de repartir en direction de Paris, puis de Bruxelles. Le rendez-vous est donné pour dix heures. C’est ici que doivent converger les personnes arrivées la veille depuis Perpignan, Carcassonne, etc. et celles qui désirent se greffer au convoi pour la suite du trajet.

Peu à peu, les participants arrivent de toutes parts, des slogans brandis sur des pancartes, des drapeaux français et canadiens flottent. L’heure est à la revendication, et les voix de ceux qui expliquent être venus pour défendre les libertés des citoyens scandent leurs désaccord avec les politiques mises en place par le gouvernement. La principale opposition est nette, celle contre les mesures prises durant la pandémie et que beaucoup considèrent comme étant « liberticides et anti-démocratique. »

Un manque de débat et de questionnement qui exaspèrent

Pour Sarah*, jeune enseignante dans un collège toulousain, « ce type de rassemblement est très encourageant, car on se retrouve et on peut discuter entre nous. » Une nécessité pour la jeune femme, qui se sent parfois en décalage avec les évènements qui arrivent depuis ces deux dernières années. « J’avoue que je suis assez inquiète de ne pas voir davantage de monde s’interroger sur le sens des mesures prises par le gouvernement… j’ai parfois l’impression d’être la seule à ressentir ce questionnement, notamment avec mes amis. »

Ce que l’enseignante reproche notamment aux règles sanitaires en vigueur, c’est le fait qu’elles manquent, selon elle, de débat. « Je ne veux pas dire si c’est bien ou pas, mais je trouve alarmant de voir que ces mesures ont été le fruit d’un travail sans réelle discussion. Par exemple, quand le Sénat modifiait certains textes, on a pu voir l’Assemblée Nationale revoter le premier texte sans tenir compte des modifications, soutient-elle. C’est un vrai problème car sans discussion, on ne peut pas prendre en compte certaines réalités de terrain. En l’occurence, avec mes collègues on est confrontés à de grosses difficultés liées aux protocoles… on a certains élèves qu’on a presque pas vu du trimestre. »

« On en peut plus de ces lois liberticides. »

S’ils sont quelques uns comme Sarah a venir soutenir l’action seulement dans le cadre de son passage à Toulouse, d’autres quant à eux entendent bien faire le trajet jusqu’à la fin. C’est le cas de Chantal, qui a pris la route pour atteindre la capitale européenne, Bruxelles. Alors qu’elle aide à la préparation des paniers repas, cette retraitée explique la raison de sa présence : « Je suis ici, comme beaucoup, parce qu’on en peut plus de ces lois liberticides. Nous demandons le retrait pur et simple de celles-ci, comme le passe vaccinal par exemple. » Devant elle, sont exposés plus d’une centaine de sacs contenant des collations complètes pour soutenir les convoyeurs qui prennent la route. « On est parvenus à en faire autant grâce à la solidarité de chacun, des tas de gens nous ont donné de quoi faire ces repas… J’avoue que j’étais moi-même étonnée de voir que la mobilisation prenait autant, explique la retraitée, mais ça montre bien que nous sommes nombreux à en avoir vraiment marre. »

Plusieurs dizaines de paniers repas ont été préparés par les volontaires ce jeudi.
Crédits photos : Quentin Martinez

Parmi les visages de ces citoyens en colère, un homme joue le jeu des photos. Entourés de nombreux sympathisants, il semble être en terrain conquis. Pour cause, il s’agit de Richard Boutry. En quelques mois, cet ancien journaliste de France Télévision ou de France Soir est devenu une figure du mouvement anti-pass, notamment au travers des vidéos qu’il publie sur ses réseaux sociaux.

Présent lors de l’opération du Convoi de la Liberté à Toulouse, Richard Boutry (ci-dessus avec une veste noir et un pull bleu sur les épaules) a été accueilli en héros.

Le rassemblement reste calme, les véhicules qui passent à proximité jouent le jeu de l’indifférence, ou au contraire encourage les participants en klaxonnant comme pour appuyer les slogans que ces derniers brandissent. Après deux heures sur place, le ravitaillement commence sur le rond-point de Sesquières, les conducteurs se succèdent aux abords du stand de fortune où sont distribués les denrées nécessaire à leur voyage. Peu à peu, à partir de midi, les drapeaux, gilets jaunes et autres symboles de ce mouvement citoyen reprennent leur route. Voitures, camping-cars, motos, les quelques 400 personnes réunies sur place démarrent leurs engins sous les acclamations de ceux qui soutiennent le convoi mais ne peuvent pas partir.

Écrit avec Adèle Semelier et Camille Pineau