Génération sacrifiée ? Jeunesse sans futur ? Société désenchantée ?

Le matraquage médiatique autour du thème de la crise ou du chômage en Europe ne porte pas vers l’optimisme. Max Weber parlait de « désenchantement du monde » pour qualifier le déclin de la sphère religieuse au profit de la sphère économique. Mais l’expression pourrait tout aussi bien désigner aujourd’hui la situation politique de notre Vieux Continent. Et renvoyer ainsi au déclin des idéologies politiques au profit… des impératifs économiques.

Faire des idées un principe directeur du combat politique serait-il une pratique désuète ? La seule matrice des projets politiques actuels serait-elle la réduction de la dette et des déficits ? Le « Tina » (« There is no alternative »), si cher à Margaret Thatcher, serait-il une fatalité ?

Une fatalité à laquelle on cède trop facilement. Pourtant, alors que le système semble sclérosé, l’alternative existe.
Traversons donc les Pyrénées pour l’Espagne. Quelque chose est en train de s’y produire. Dans ce laboratoire politique, la formule qui marche vient peut-être d’être inventée, après des expériences ratées.
Retour en 2011. Porté par le souffle des printemps arabes, un vent de contestation atteint l’Europe via l’Espagne. Mais le mouvement des Indignés s’est rapidement embourbé dans une impasse, ne trouvant pas la voie qui mène à l’arène politique. La révolution politique n’a pas eu lieu. Mais celle des consciences, si. Une volonté de changement s’est invitée dans la tête des Espagnols.

En s’appropriant ces revendications, un petit parti tente de résister à l’envahisseur. Podemos (en français, « Nous pouvons »), créé en janvier 2014, a réussi à occuper un espace politique abandonné par les partis traditionnels. Après avoir envoyé 5 eurodéputés aux dernières élections européennes, le jeune parti est crédité de 25% d’intentions de vote aux prochaines élections législatives.
Avec un fonctionnement participatif organisé autour d’assemblées de réflexion et la proposition de mise en place d’un audit de la dette, Podemos innove.

En proposant une alternative crédible, Podemos a déjà atteint un premier objectif : réenchanter la politique. Sa mission désormais sera de transformer ces espérances en mesures concrètes. Et prouver que faire de la politique autrement au XXIe siècle, c’est possible.