gasland.jpg Le gaz de schiste, kézaco ? Ce mardi, l’association écolo Gaïa Sciences Po Toulouse organisait la projection du documentaire américain Gasland, réalisé en 2010. Josh Fox, réalisateur et protagoniste, arpente les routes des Etats-Unis, à la recherche d’échantillons, de preuves et de victimes de l’exploitation dangereuse du gaz de schiste.

Un homme fait couler de l’eau de son robinet, approche une flamme, et presque immédiatement, le liquide prend feu. L’opération est répétée, dans d’autres maisons, dans des régions qui n’ont que pour point commun le forage des puits de gaz, et c’est le même constat : l’eau du robinet n’est plus potable depuis l’installation des grandes entreprises pétrolières. Mis au fait de ces phénomènes pour le moins étranges, Josh Fox traverse l’Amérique, visite les zones où l’on extrait le gaz et rencontre ces victimes qui n’ont personne à qui se plaindre. La plupart d’entre elles sont d’ailleurs muselées par un accord de confidentialité signé avec les compagnies, ayant accepté une maigre indemnisation de leur part. Des particuliers décrivent leurs symptômes, confirmés par des scientifiques : maux de tête, nausées, asthme, neuropathies et lésions cérébrales… Autant de complications de santé qui touchent habitants et animaux, ces derniers touchés par des décès inexpliqués…

596 produits chimiques

Les compagnies qui exploitent ce gaz ne sont pas très bavardes : elles refusent les interviews, ne donnent aucune information sur leurs activités et envoient des experts sur les lieux, qui s’obstinent à conclure que l’eau est absolument potable, bien qu’elle soit de couleur jaune ou marron et qu’elle sente le gaz. Josh Fox écoute les témoignages, mais recueille aussi des échantillons d’eau pour les faire analyser par des laboratoires indépendants. Il lui arrive aussi d’en proposer aux quelques cadres des entreprises… Étrangement, tous refuseront d’en boire. Il apparaît rapidement que ces eaux, issues des sources, rivières et fleuves naturels des États-Unis, contiennent des déchets de la fracturation hydraulique (ou fracking), procédé utilisé pour l’extraction du gaz de schiste. Ce sont en tout 596 produits hautement chimiques, comme de l’éther de glycol, de l’arsenic ou du baryum, qu’on retrouve dans l’eau.

Comme un poison dans l’eau

Ce qui frappe d’abord dans le documentaire, c’est l’entente implicite entre pouvoir politique et complexes industriels, ces derniers obtenant très facilement des dérogations sur la législation de l’eau et de l’air pour la poursuite de leurs activités. Nul ne semble pouvoir les arrêter, pas même les victimes, dont les plaintes à l’agence de protection de l’environnement restent sans suites. L’agence internationale pour l’énergie estime que les États-Unis pourraient devenir la première puissance pétrolière et gazière en 2017, grâce aux milliers de puits qui éventrent leurs terres.

En France, le rapport Gallois sur la compétitivité, rendu au début du mois de novembre, préconise l’exploitation des gaz de schiste, qui seraient présents en quantité importante dans le sous-sol en Ile-de-France, dans l’Est, le Sud-Est et le Sud-Ouest. François Hollande a exclu la technique de la fracturation hydraulique, d’ailleurs interdite par la loi du 13 juillet 2011, mais il envisage la possibilité de recherches sur de nouvelles techniques d’exploitation.

Par ailleurs, le grand public manque cruellement d’informations en la matière. « Je savais pour les gaz de schiste », explique Marine à la sortie du film, « mais vraiment pas à ce point ! ». Celles et ceux qui ont assisté à la projection sont catégoriques : ils disent non aux gaz de schiste, et à leur exploitation dans le monde.

Le site du film : http://www.gaslandthemovie.com/