À Toulouse, l’art est roi. De musées prestigieux en théâtres cosy, de salles d’art post-moderne en cafés culturels rétros, scènes de concert décalées et autres événements de rue, la Ville rose célèbre à tout rompre la culture. Sans surprise donc, deux nouveaux titres se sont installés sur ce marché porteur ce mois-ci. Et dire que le Capitole est passé à deux doigts du titre de capitale européenne de la culture en 2013…

Clutch, l’ambitieux

100 pages, des dossiers fouillés, une maquette épurée et un agenda de près de 500 dates, le premier numéro de Clutch sous la direction de Baptiste Ostré donne tout de suite le ton. Mensuel gratuit à la fois « magazine événementiel et revue culturell« , il se veut le promoteur des initiatives artistiques locales et l’observateur critique des pratiques culturelles. Un vœu pieux ? Non, si l’on en croit la décision de diffuser les imprimés dans plus de 500 points de distribution, tous faisant partie des places fortes culturelles de Toulouse. Et avec trois anciens journalistes du célèbre titre Let’sMotiv pour créateurs ainsi qu’un partenariat avec le site d’information en ligne Carre d’info, peu de doute qu’il arrive à trouver rapidement sa place sur le marché de la presse spécialisée.

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D’ailleurs, à l’occasion du lancement du premier numéro, l’équipe de Clutch a posé ses valises au Connexion le temps d’une soirée, l’occasion d’unir cultureux et journalistes. Succès immédiat : 800 personnes ont répondu présent. De bon augure donc pour la suite de l’aventure. Il faut ajouter qu’en abordant des thèmes aussi vastes que l’art scénique, les cafés-concert, la scène musicale, le 7ème art, le paysage local des expositions…, le titre ne se prive d’aucun lectorat potentiel. D’autant qu’un style énergique à la croisée des chemins entre un parler spécialiste et une écriture pédagogique rassemble esthètes et curieux. Un seul mot d’ordre pourtant : Cultureux de tout le pays, lisez-le !
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_ Le Brigadier, acte 1, scène 1
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Toc… toc… toc… Le régisseur vient de frapper les trois fameux coups de brigadier. Comme à leur habitude, les chocs répétés font taire la salle: la pièce va commencer. En affublant son nouveau magazine de ce sobriquet singulier, Bénédicte Soula, rédactrice en chef et directrice de la publication du Brigadier, donne le ton: place au spectacle !
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Et des surprises, il y en a, à commencer par le choix du rubricage. L’équipe du Brigadier s’est effectivement amusée à filer la métaphore théâtrale, mais sur un mode parodique, jouant ainsi des différents niveaux de langage. Le résultat est plutôt cocasse.
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Comprenez donc portrait, pour « papiers d’identité », interview pour « procès verbal » ou encore critique pour « rapport du brigadier ». Bref la rédaction du nouveau magazine toulousain frise le crime de lèse policier et s’en revendique. Une liberté de ton donc, on l’a bien compris, totalement assumée par Bénédicte Soula, mais surtout une réelle exigence à l’égard du lectorat. Car la devise du nouveau bimestriel n’est autre que la célèbre formule de Jean Vilar, « l’élitisme pour tous ».
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Le_Brigadier_No1.jpgLe théâtre bien sûr, mais aussi la danse et l’opéra viennent donc investir les 62 pages du périodique. Aussi de la coûteuse indépendance des petits théâtres toulousains comme la Cave Poésie-René Gouzenne, Le Grand Rond, le TNP, le Fil à Plomb ou le Pavé, en passant par la dernière pièce de Jean-Pierre Beauredon, Ca va …Si ça va, bravo, sans oublier les libres propos d’universitaires émérites, parmi lesquels, cette semaine, Muriel Plana, ou même encore le focus réalisé sur le retour de la chorégraphe Maguy Marin, la ligne éditoriale permet de développer des sujets extrêmement divers.
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Au prix de 5,50 euros, Le Brigadier n’en rate pas une. Un bouillon de culture à la portée du premier venu, mais qui invite les gros cerveaux comme les curieux du dimanche à s’immerger en profondeur dans les limbes de la culture toulousaine.