Tout commence en 1989. Ou plutôt, au Crétacé inférieur, époque à laquelle apparurent les premiers Grolandais, selon les historiens de la Présipauté. Groland, c’est plusieurs siècles de lâchetés, de défaites et d’alliances géopolitiques douteuses… mais, surtout, deux décennies de succès pourtant inattendu. Retour sur la vraie-fausse marche d’une nation déjantée.

«C’est trop tôt, les Français ne sont pas prêts». Voilà ce qu’aurait répondu Canal + à l’équipe originelle de Groland, lors de la présentation de leur émission-pilote en 1989. Un conseil des ministres factice, avec, en vedette, Christophe Salengro, président de cette étrange contrée, et recevant les projets de lois de ses secrétaires d’État illuminés. A l’époque, Christian Borde (ou Jules-Édouard Moustic) travaille pour les Nuls et pour les Guignols de l’Info, deux piliers de la programmation humoristique de la chaîne. Mais, trois ans plus tard, c’est la consécration : Groland fait son entrée sur le petit écran dans Les Nouvelles, vrai-faux journal télévisé présenté par Jules-Edouard Moustic, un tout petit divertissement, amené à grandir…


Canal + – Groland – Les restes du monde 2006 par 31R05G1996

Success-story

Émission humoristique à succès, Groland finit par séduire les zygomatiques des téléspectateurs et devient une émission à part entière, Groland.sat. On y retrouve Mickaël Kael, mauvais journaliste, Francis Kuntz, reporter aux accents fascisants, ainsi que Gustave Kervern, correspondant régional, et alcoolique. C’est sans parler, évidemment, du Président Christophe Salengro, se définissant comme «démocrate» et «anarchiste», et qui n’en fait surtout qu’à sa tête. Parodies de films, faux reportages, publicités mensongères et spots dénudés, rien n’arrête Groland, puisqu’on peut rire de tout. Et l’un des réalisateurs de résumer le principe : «Du sang, de la sueur et du sperme !»

Vraie parodie, fausse info

Si Groland a été inventé pour les besoins décalés d’une chaîne à contre-courant, ce pays n’en a pas moins une histoire et des institutions, qui ont vu le jour au fil des très nombreuses formules proposées. En effet, c’est en 1858 que Groland obtint son indépendance, sans grande difficulté : Napoléon III ne souhaitait plus financer un pays d’incultes sans valeur stratégique. Les Grolandais goûtèrent à toutes sortes de régimes politiques avant de s’accorder sur la Présipauté en 1889. Tantôt travesti, tantôt complètement nu, le Président Salengro, élu en 1993, se félicite en ces termes, ballon de blanc en main : «Quinze ans de Présidence… Qui peut en dire autant ?».

Le festival du film Grolandais est donc l’occasion de découvrir l’histoire (ou les histoires) d’une nation à l’humour bien à elle. L’équipe est au grand complet, pour cette édition toulousaine et risque d’imposer bien fort son ambiance nationale.
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