Top départ pour les étudiants désireux d’enrichir leur CV et impatients de faire leurs armes dans une entreprise ou une administration cet été. La recherche de stage pendant la période estivale commence dès le début de l’année, et celle-ci se heurte bien souvent à un premier obstacle : l’obtention d’une convention de stage.
Le stage. Le mot fait déjà mal à la tête. En France, une très grande partie des cursus universitaires se déroule de cette façon : licence, master, stage de fin d’année et… le flou.
En effet, théoriquement, l’étudiant est censé trouver un emploi après l’obtention de son diplôme si durement acquis. Or il n’en est rien pour la plus part des jeunes diplômés d’un bac+5.
Pourquoi une entreprise rémunérerait-elle un salarié quand un étudiant peut faire le même boulot gratuitement ou pour pas cher ? C’est cette situation qui pousse des bac+5 à s’inscrire dans des formations universitaires, souvent privées dans l’unique but d’obtenir le précieux sésame : une convention de stage.
Car il est impossible de postuler à une offre de stage sans ce bout de papier délivré telle une ordonnance médicale par les universités et autres organismes agréés par l’Etat.
« Trop de paperasse »
N’importe qui ne peut pas obtenir cette fameuse convention. Pour l’université du Mirail par exemple, il faut être au moins en L3 pour seulement demander à partir en stage, même pendant les vacances scolaires.
Jessica, étudiante en première année de psychologie, prépare les concours d’entrée des écoles d’éducateurs spécialisés. Après avoir obtenu l’écrit l’année dernière, elle n’a pas franchi l’obstacle de l’oral. La cause de cet échec pour le jury : pas assez d’expérience. Mais quand elle demande au secrétariat de l’UFR concerné une convention de stage, la réponse de l’administration est sans appel : « Pas de stage avant la troisième année, ce n’est pas utile et cela ferait trop de paperasse ».
Une seule solution pour l’étudiante, tenter par d’autres moyens d’obtenir une convention. Après quelques recherches, elle trouve une solution : « acheter » pour la somme de 165 euros une convention au CNED. Le mécanisme en théorie légal est simple : « Tu demandes un BEP « aide à la personne » et au lieu des cours, tu prends la convention ».
Mais ce genre de « bon plan » pour obtenir une convention « pas trop chère » est rare, et certains ont recours à des techniques beaucoup plus onéreuses. C’est le cas de Sabine qui a du s’inscrire dans une formation proposée par l’UT1 cette année, alors qu’elle en sort avec un bac+5, uniquement pour obtenir une nouvelle convention et ainsi prolonger son stage. Coût de l’opération : environ 900 euros l’année, pour un stage rémunéré 417 euros par mois. « C’est le sort réservé à la plus part des gens de ma promo » ajoute-t’elle.
Un flou juridique
Mais ce n’est pas le seul obstacle à franchir. En septembre 2010, un décret conçu pour éviter les abus comme l’exploitation des stagiaires et la délivrance de conventions bidons, a interdit les stages qui n’étaient pas « intégrés à un cursus pédagogique ». Concrètement, la mesure a eu pour conséquence de favoriser le stage de fin de cursus en M2, à tel point que certaines université comme Lyon-III refusent de délivrer des conventions, prétextant que « à la base, ce décret nous interdit de signer des conventions pour les stages volontaires. On ne va pas aller contre la loi ».
Le flou du décret a ainsi pour résultat des interprétations variables et au final une réduction « de la paperasse » administrative.
Reste la « bidouille »
Obtenir un stage est déjà compliqué, alors le garder cela relève du parcours du combattant. Certains comme Jérémy, « bidouille » pour faire un stage volontaire, tout en n’étant pas pénalisé par un encadrement juridique rigide et contraignant. « J’ai proposé un arrangement à mon patron qui me permet d’être rémunéré comme stagiaire, et ainsi ne pas payer d’impôt ni perdre ma bourse ». Mais l’étudiant de Sciences Po déplore que « ce système est pervers car il désincite au travail ».
Les étudiants de l’IEP ne sont pas les plus à plaindre car il faut savoir que l’institut joue les prolongations pour ses étudiants en Master 2, qui peuvent encore pendant un an après leur sortie de l’école, obtenir une convention de stage.
Mais pour les autres, que faire après ou lorsque l’on décide d’arrêter un cursus pour par exemple tenter des concours ? C’est la question que se pose Marine. Afin de préparer l’entrée en école de journalisme à Toulouse, elle a mis de côté sa licence d’histoire à l’université du Mirail. Or n’étant plus étudiante, elle ne peut pas faire de stage et déplore « je serai obligée de reprendre ma licence si je n’obtiens pas mes concours cette année, ne serait ce que pour faire des stages ».
Et encore, à condition que celui-ci concerne uniquement son cursus, et non pas son projet professionnel, car dans bien des cas, les deux ne sont pas toujours synonymes.