Les “Initiatives d’Excellence” ne font pas que des heureux : plusieurs grandes universités ont été évincées, l’espoir suscité laissant place à une profonde déception. De leur côté, les syndicats d’étudiants et d’enseignants dénoncent d’ores et déjà l’instauration d’une “université à deux vitesses”.

medaille-investissements-avenir_174551-80.jpg Si huit universités françaises sont parvenues à convaincre le jury des IDEX, Grenoble, Lyon-Saint-Étienne, Lorraine et le pôle parisien Esam sont restées sur le carreau. Même si elles sont toujours dans l’attente d’explications, les universités rejetées réagissent. Le label IDEX représentait pour beaucoup un financement indispensable pour la réalisation de leurs projets : “Nous espérions tout de même près de 25 millions annuels via l’IDEX, et ne voyons pas d’autres moyens de financement pour les 10 millions d’euros que nous avions prévu de consacrer à la formation. Il va être difficile d’être aussi ambitieux que prévu”, déplore Farid Ouabdesselam, directeur du PRES (Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur) de Grenoble.

Des projets reportés

Cependant, les présidents d’universités ne baissent pas les bras : les projets verront bien le jour, mais pas de suite : “Nous irons simplement moins vite et moins loin”, dit Hervé Coilland, directeur du PRES de Lorraine, dans une interview accordée au site spécialisé educpros.fr. Une grande déception, dont l’origine se trouve autant du côté budgétaire que du côté symbolique : les universités espéraient également bénéficier d’une image de marque grâce aux IDEX, notamment en termes d’insertion professionnelle et d’attractivité à l’international. “La reconnaissance de l’excellence du site lyonnais aurait été un levier d’action important, donnant plus de force à notre politique de site…”, déclare Michel Lussault, direction du PRES de Lyon.

Ainsi, certains acteurs demandent déjà une troisième vague de sélection, permettant ainsi à tous les dossiers d’aboutir. Toutes proportions gardées, le gouvernement n’écarte pas des possibilités d’aide financière pour les universités perdantes : des négociations devraient avoir lieu dans les prochaines semaines.

Des syndicats inquiets

Dans sa lettre aux élus, l’UNEF (Union des Étudiants de France) dénonce un “mépris affiché pour la démocratie universitaire” avec des projets qui se seraient mis en place sans aucune concertation avec les enseignants, et encore moins avec les étudiants. Le syndicat étudiant pointe également du doigt de fortes inégalités géographiques : deux pôles parisiens rejetés, des zones telles que le Nord, le Centre ou bien encore le Grand Ouest sans aucune labellisation… L’UNEF met en garde et conseille de garder un œil attentif sur la suite des opérations du gouvernement, car le risque d’une concurrence entre établissements est élevé.

Pour le Snesup Midi-Pyrénées (Syndicat National de l’Enseignement Supérieur), c’est bien là “l’excellence comme valeur marchande” (communiqué). “On le voit bien, le projet IDEX s’inscrit dans une logique qui est celle des entreprises au niveau international, une logique de part de marchés où la survivance de l’un entraîne nécessairement la disparition de l’autre.” Le ton est donné : les IDEX sonneraient le glas de l’université française, avec la récompense par la labellisation des universités qui louent la compétition internationale, au détriment d’une recherche protégée de l’intérêt économique.