Bonne nouvelle pour les apprentis Yamakasi : grâce à l’association Street Jump, ils peuvent désormais s’initier en toute sécurité au « parkour », nom de la discipline pratiquée par leurs héros urbains. Entre escalade et gymnastique, ce sport spectaculaire fait de nombreux adeptes, des « traceurs » qui rejoignent la « Street jump family ».

Qui n’a jamais rêvé de pouvoir sauter de toit en toit, d’escalader des immeubles, de franchir les obstacles avec l’agilité d’un félin ? A voir les jeunes qui s’entraînent le samedi au gymnase Pierre-Satgé de Colomiers, il n’y a qu’un pas du rêve à la réalité et devenir un « samouraï des temps modernes » n’a rien d’impossible. Saltos, vrilles, « sauts de chat » et d’autres figures spectaculaires sorties d’un film de Jackie Chan s’enchainent dans une ambiance détendue qui contraste avec la précision des mouvements. Les « initiateurs » et membres fondateurs du club Yacine El Haimour, 23 ans et Jessy Mougeot, 21 ans, donnent tranquillement les consignes, attentivement écoutés malgré le brouhaha.

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Premier club de parkour en Haute-Garonne, Street Jump connaît un franc succès depuis son ouverture en octobre 2010. Une vingtaine de membres de la « Street Jump family » s’entraîne régulièrement au gymnase lors des séances d’initiation, mais surtout dans le décor urbain de Colomiers et Toulouse. Figure de proue de l’association, la « team » Street Jump rassemble les six traceurs les plus avancés, dont Yassine et Jessy. Elle donne des spectacles partout en France, comme dernièrement au Zénith, mais on peut la retrouver sur des lieux de passage toulousains, tels que la place du Capitole.

La création de Street Jump est liée au parcours de Yassine, qui débute seul dans les rues de Meknès au Maroc, son pays d’origine. « J’avais 14 ans, j’étais danseur hip-hop, j’ai commencé à sauter un peu partout », raconte-t-il. Comme beaucoup, le déclic pour lui est le film « Yamakasi » d’Ariel Zeitoun, qui familiarise le grand public avec cette discipline imaginée dans la banlieue parisienne par David Belle et Sébastien Foucan. Dès 2004, il fonde la team Street Jump au Maroc, avant d’être repéré en novembre 2008 par un représentant de la Fédération française de culture urbaine, qui le fait venir en France. Après quelques galères, « grâce au soutien des amis et de la famille » le jeune homme établit finalement l’homologue français de la team Street Jump en juillet 2010 avec Jessy, qu’il rencontre lors d’une séance de capoeira dans un parc.

Donner des leçons, Yassine n’en avait pas la vocation. Mais la rencontre avec les illustres Yamakasi a déterminé son souhait de partager son expérience:

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Sang-froid nécessaire, dépassement de soi comme leitmotiv

Sur les terrains où se pratique le parkour, la moindre faute peut avoir de lourdes conséquences. Une bonne condition physique est primordiale, mais le mental est au moins aussi important. Jessy détaille les qualités qu’il essaie de transmettre en tant qu’initiateur :

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Maxime a 15 ans, deux années de parkour derrière lui et une motivation de fer. S’il a commencé dans la rue avec des amis, il apprécie toutefois d’être encadré :

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Bien que le groupe soit à dominante masculine, les filles présentes sont loin de démériter. Mégane, 20 ans, a fait d’impressionnants progrès en moins d’un an. « Je ne fais pas des sports de filles », sourit-elle, déterminée à toujours repousser ses limites :

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Un sport « libre » en mal de reconnaissance

Pour Yassine, le caractère unique de ce sport provient d’une totale liberté dans le choix des mouvements:

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Autre différence notable par rapport à la gymnastique : toutes les figures travaillées en salle doivent pouvoir être exécutées en extérieur
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Malgré le sérieux qui règne durant les cours et une affiliation à la Fédération française de gymnastique, le parkour souffre de son caractère marginal. Pas de diplôme d’Etat pour les traceurs comme Yacine, qui doit exercer une activité professionnelle en parallèle :

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Les réticences à reconnaître pleinement ce sport proviennent en partie de son aspect risqué, voire dangereux. Pourtant, tout dépend des conditions dans lesquelles il est pratiqué, insiste Yassine :

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Pour plus d’informations: http://streetjump.com/