Sanction politique ou volonté d’en finir avec les « casseurs » ? Le procès des sept étudiants inculpés de la faculté du Mirail s’est tenu le 3 février devant le tribunal correctionnel de Toulouse.

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Dès 8 heures, un rassemblement de soutien s’est tenu devant le tribunal.

Deux ans après la mobilisation universitaire contre la LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités), la poussière n’est pas encore retombée. À Toulouse, la faculté du Mirail était restée bloquée pendant quatre mois, record de France.

Le 3 février à 9 heures s’est ouvert le « procès des sept ». Ces militants, alors étudiants à l’Université Toulouse II, avaient activement participé à la contestation. Une heure avant l’audience, une centaine de personnes était déjà rassemblée devant le Palais de Justice pour exprimer leur soutien aux accusés. Les faits reprochés ? Vol d’électroménager et de nourriture, dégradation de biens dans le bureau du président de l’université et à la Maison de la recherche, et agression physique d’un professeur.

L’université, qui s’est constituée partie civile, réclame au total plus de 28 000 euros de dommages et intérêts. Le procureur a requis entre 3 et 18 mois de prison avec sursis, l’inscription au casier judiciaire et l’interdiction temporaire d’exercer dans la fonction publique. Selon maître Debuisson, avocat de la partie civile, il s’agit d’une sanction « utile », pour ancrer le fait qu’à chaque dégradation entraînée par un mouvement social, plainte et répression seront systématiques.

Un procès « politique » ?

Le regroupement des sept dans une seule procédure surprend. En effet, les inculpations ne sont pas les mêmes pour tous. « On ne comprend pas pourquoi on se retrouve tous à la même audience », souligne Maël, un des prévenus. De plus, les chefs d’inculpation portent sur trois journées d’action, toutes décidées collectivement en assemblée générale de plus de 200 personnes. Au final, on ne retient que sept individus. Pourquoi eux ? La défense avance que leur implication militante remarquée leur a porté préjudice. Le but est-il d’en faire des condamnés pour l’exemple ?

Pour maitre Zapata, avocat des inculpés, il s’agit d’une « supercherie » de l’université. Il relève également des vices de procédure, comme le manque d’un procès-verbal du conseil d’administration (permettant à l’université de se porter partie civile). De même, en ce qui concerne les faits survenus le 2 juin, seul a été entendu Bertrand Jouve, le directeur de la Maison de la recherche. L’avocat dénonce un «procès politique » ; Maël souligne la volonté de « criminaliser les luttes ». « Ce qui nous embête le plus c’est le casier judiciaire », ajoute-il, « plusieurs d’entre nous veulent être professeurs et il leur sera impossible de postuler ».

Le tribunal a mis le jugement en délibéré au 31 mars.

Charlotte Ayache et Sarah Bosquet