Si certains passants en ont appris plus sur la plante et ses dérivés, les amoureux de la fleur emblématique de la Ville rose regrettent l’organisation et le peu de moyens accordés pour l’événement, les 5 et 6 février.

Jean-Claude glisse sa tête dans un des trois stands de présentation tenus par les jardiniers des serres municipales. Son regard en dit long sur son ressenti. « Ce n’est pas très beau. Même les violettes de la ville, elles ne sont pas terribles… Il y a plus de confiseries que de fleurs », lâche le Toulousain de 70 ans, regrettant le manque de couleur dans les allées pour cette nouvelle édition de la traditionnelle fête de la violette à Toulouse.

Annulé l’année dernière en raison de la pandémie, l’événement devait colorer et parfumer la place du Capitole ces 5 et 6 février. Mais difficile de humer les belles odeurs de la plante en respectant les mesures sanitaires en vigueur. « L’accueil et l’organisation sont un peu ridicules. Le virus n’est pas à un mètre près. On doit porter un masque alors qu’on est en plein air », déplore un visiteur, après avoir présenté son pass vaccinal à l’entrée. Heureusement, avec le ciel grisâtre et le peu d’affluence en début d’après-midi, les distanciations ont pu être bien respectées.

Dans les trois tentes exposées par la ville, plus de violet dans le décor que dans les plantes. Photo © Lucas Planavergne

À quelques pas de la place, dans la boutique Les trésors de Violette, on regrette le peu de communication de la mairie en marge de l’événement. « Déjà qu’on est en fin de saison, devant le Capitole, on n’a pas l’impression que c’est la fête de la violette. Nos clients nous demandent si c’est bien ce week-end, car il y a très peu d’affiches dans les alentours et sur la place », confie une vendeuse du commerce spécialisé, proposant la fleur et ses produits dérivés toute l’année. Et sa collègue d’ajouter : « Ça fait longtemps que cette fête n’avait pas eu lieu, c’est dommage de ne pas avoir mis les violettes plus en valeur. Beaucoup de gens ne savent pas que c’est une spécialité de Toulouse ! ».

«  Nos clients nous demandent si c’est bien ce week-end, car il y a très peu d’affiches dans les alentours » – Une vendeuse de la boutique Les trésors de Violette

Avec le soleil qui se révèle timidement, plus de visiteurs commencent à défiler. La plupart s’arrêtent devant l’atelier de rempotage de violettes proposé par la mairie. « C’est une petite initiation à la plantation de la fleur et son entretien. Ça vise à faire découvrir sa culture… Et chacun peut repartir gratuitement avec son pot », explique Bastien, agent municipal. Un point positif pour les parents, qui peuvent également emmener leurs enfants à un stand où les plus petits peuvent dessiner et colorier des fleurs.

Tout le monde a pu repartir avec une petite fleur offerte par la ville. © Lucas Planavergne

Avec le marché d’une quinzaine d’artisans locaux, certains visiteurs, notamment des touristes tombés par hasard sur l’événement, ont tout de même pu en apprendre davantage sur la fameuse fleur. « J’ignorais qu’il existait autant de produits à base de violette. Il y a même des cosmétiques et des pâtisseries, c’est étonnant », s’enthousiasme Sabine, une sexagénaire venue de Limoges pour le week-end.

Entre les parfums, huiles et autres confiseries proposées à travers les différents stands, Élisabeth, présente depuis la première édition de la fête, expose ses poupées toulousaines. Elle n’a pas de boutique, seulement un petit atelier où elle cultive une passion commune avec son mari. « Il fait les chapeaux et les supports. Moi, je m’occupe de tout ce qui est costume, dans le respect de la tenue traditionnelle de Toulouse, aux couleurs de la violette », détaille la femme de 52 ans. « On adore la fleur, sa couleur, son parfum… C’est quand même un des symboles de la ville. »

Élisabeth vend ses poupées seules ou en coffret avec des produits à base de violette. Photo © Lucas Planavergne

Certains récemment arrivés en ville, notamment des étudiants, ont pu en apprendre plus sur la fleur originaire de Parme, apparue vers les années 1850 à Toulouse. « Je ne savais pas grand-chose et n’avais jamais goûté de nourriture à la violette. Là j’ai vu un stand de crêpes… et ça donne envie », avoue Lucas, ayant été informé de la fête sur Instagram. Sa petite-amie Eva, pourtant née dans la Ville rose, n’en sait guère beaucoup plus : « C’est une spécialité locale, mais je ne m’y étais jamais intéressée plus que ça, je m’en fichais un peu. Sans doute qu’on est plus curieux lorsqu’on visite d’autres lieux, que pour sa propre ville ! »

 

Photo d’entête © Lucas Planavergne