Vous vous êtes sûrement déjà moqué d’un objet ou d’un vêtement trop « kitsch ». Les étudiants du master culturel de Sciences Po Toulouse, eux, n’ont pas peur de le dire : leur festival est kitsch ! Et pour cause, c’est le thème de ces trois jours culturels organisés par les étudiants du 9 au 11 avril. Tenez vous prêts pour le festival « Son of a kitsch » !

« Le kitsch c’est pas juste un terme péjoratif qui évoque le mauvais goût, c’est beaucoup plus riche que ce qu’on imagine », affirme Anaïs, étudiante en master 1 d’Etudes culturelles. Style mis de côté et moqué, le kitsch a en réalité des versants politiques souvent méconnus du public. « Le kitsch, sous un air léger, contient en réalité des thèses qui peuvent faire bouger la société », explique Caroline Achouri, chorégraphe, professeure de danse et enseignante qui a accompagné les étudiants dans l’organisation du festival. « Le kitsch est une contre-culture à une culture dite légitime, plutôt bourgeoise.  C’est ce qu’on a découvert en travaillant dessus. », poursuit Anaïs. Ce thème osé et décalé change des « thèmes sérieux qui font très Sciences Po », souffle Mila, étudiante dans ce master. « On s’est renseignés et on s’est dit ok c’est trop bien on le fait ! », témoigne joyeusement Mila.

Le kitch : kesako ?

Historiquement, le kitsch désigne des objets tape à l’œil, avec un style exagéré et stylisé. Le style kitsch naît au 19ème siècle. Pour imiter les matières et les produits nobles des aristocrates, les moins fortunés fabriquaient des imitations à partir d’éléments recyclés et peu couteux. Depuis sa naissance, le genre est utilisé de manière ironique, jouant avec les codes de ce qui est considéré comme du bon goût. Les années 50 marquent le début de la société de consommation et le kitsch devient un phénomène mondial. Aujourd’hui, le style kitch revient à ses racines traditionnelles de seconde main. Il est repris par la communauté LGBTQ+ et queer qui reprennent l’esthétique kitsch pour en faire une nouvelle forme de résistance culturelle : le camp (« prendre la pose »). Le kitsch n’a donc cessé d’évoluer depuis le 19ème siècle et continue encore aujourd’hui.

« On apprend la réalité du métier »

Ce festival est organisé dans le cadre d’un cours. L’objectif ? Apprendre à financer, organiser et monter des projets culturels. Caroline Achouri, l’intervenante qui accompagne les élèves, en a fait son métier depuis 30 ans : « J’ai été amenée à organiser pas mal d’évènements culturels, des festivals, des soirées ponctuelles. ». Les étudiants travaillent sur ce projet depuis septembre 2023. « On a deux heures de cours par semaine, mais on y passe beaucoup plus de temps. En ce moment c’est tous les jours. » explique Mila.

Les étudiants font face à la réalité du terrain, qui est parfois compliquée. Comme en témoigne Anaïs : « La majorité du financement de notre festival vient de Sc Po mais ça a été un peu laborieux. On a dû batailler et argumenter. ». Finalement, les étudiants ont obtenu un financement de l’administration et ont même reçu des dons extérieurs.

« J’ai donné quelques cours théoriques aux étudiants sur l’organisation d’un festival. Mais je les ai avertis que ce qui était bien organisé sur le papier allait être mis à mal par la réalité. C’est ce qu’ils ont expérimenté et j’ai été là pour les coacher et pour trouver des solutions. », souligne leur professeure. Loin de renoncer face aux obstacles, les étudiants ont su trouver des solutions et cela a même ouvert une voie professionnelle à certains, comme Anaïs : « J’ai adoré faire ce festival, c’était mon cours préféré. C’est exactement ce que je veux faire plus tard », explique l’étudiante.

« Je suis impatiente d’assister à tous les évènements »

Les trois jours de festival promettent d’être remplis et festifs ! Loto bingo en compagnie de drag gueen, journée d’inauguration, ciné-débat, exposition, conférences… « Ils ont réussi à faire ce mélange de chose très légères avec des choses plus sérieuses et des entre deux comme le ciné-débat. », témoigne avec fierté Caroline Achouri. « Les intervenants qui participent aux conférences sont passionnants, j’ai hâte de passer ces trois jours à suivre le festival », renchérit-elle.

L’inauguration aura lieu le mardi 9 avril à 17h dans la cour de Sciences Po, et le festival s’étend sur trois jours jusqu’à la soirée de clôture jeudi au bar le Flashback. Entre stress des derniers préparatifs et excitation, les étudiants frétillent d’impatience : « J’ai hâte de voir ce que ça va donner. Quand tu travailles sur un projet pendant si longtemps c’est que des images. Et là ça devient réel. » rapporte Mila avec émotion.

Alors rendez-vous à Sciences Po Toulouse (Manufacture des Tabacs) du mardi 9 au jeudi 11 avril. Vous trouverez la programmation des évènements sur leur compte instagram @soakfest.

Crédit photo : Caroline Léna Becker