Théâtre d’une lente dérive et d’actes de violences, le lycée Gallieni de Toulouse fait polémique depuis le cri d’alarme lancé par les enseignants dans l’Express, il y a trois mois. Un appel au secours entendu par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, promettant « un lycée attractif » à la rentrée 2018. Depuis l’exposition médiatique, les lycéens, pourtant au coeur du problème, n’ont pas souvent eu la parole…

Mercredi 12h, la sonnerie retentit. Les élèves sortent des cours à vitesse grand V. Beaucoup ne veulent pas rater le bus de 12h05. L’ambiance est plutôt agitée. Des bagarres sont simulées pour rire. Du rap français résonne dans des hauts-parleurs. Fabio, 17 ans, en première bac pro commerce prend part à une joute verbale avec des camarades. Le champs lexical est fleuri.

Il accepte de livrer ses ressentis sur son quotidien dans cet établissement à la réputation sulfureuse. « Moi, ça me fait rire. Je m’ennuie en cours donc faut bien s’occuper. Je suis un perturbateur mais pas un délinquant », tient-il à préciser avant de manifester sa déception depuis la visite du ministre et le changement d’encadrement. « Depuis qu’il est venu, c’est beaucoup plus strict. On peut moins s’amuser… », regrette le jeune, capuche sur la tête. (Plus d’informations sur les événements précédents ici)

À quelques mètres de là, Dylan quitte le lycée en solitaire. À 17 ans, il est en terminale STI2D. Élève modèle, son projet est de devenir ingénieur. « On me taxe souvent d’intello mais ça ne va pas plus loin. Ce n’est pas agréable d’étudier ici. Il faut prendre sur soi. C’est bientôt fini pour moi. Je n’en garderai pas un bon souvenir… », avoue-t-il, tout en dédramatisant la situation.

« Venir en cours est un supplice »

Aux abords du lycée, l’absence de filles marque les esprits. Dans un établissement à dominante masculine, seulement 10% des élèves sont des femmes. Sarah est l’une d’entre elles. En seconde générale, l’adolescente de 15 ans vit un enfer. « Je me fais régulièrement insulter. Venir en cours est un supplice. Parfois, je fais exprès d’arriver en retard pour qu’on me laisse tranquille. Le pire, ce sont les autres filles. Pour se faire accepter des garçons, elles font tout comme eux, mais en pire… », souffle-t-elle d’une voix fluette, sans s’attarder sur les lieux.