Le tribunal de grande instance décidera le 12 mai prochain si la Vélorution, une recyclerie associative de vélos, doit quitter les lieux qu’elle occupe. Les bénévoles de l’association s’activent pour sauver l’atelier.

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En octobre, les occupants du 6 rue Bénezet ont eu la mauvaise surprise de découvrir une sommation de déguerpir (intitulée telle quelle) dans leur boîte aux lettres. L’expéditeur de la lettre n’est autre que la mairie qui souhaite récupérer les quelques 900 mètres carrés, loués depuis 2011 pour une somme symbolique à l’association, afin de les vendre à un bailleur social.

« Il n’y a pas eu de dialogue avec la mairie. Si vous fouillez nos ordinateurs vous ne trouverez aucune trace d’aucun mail. »

La mairie de Jean-Luc Moudenc (UMP) aurait fait six propositions de relogement à la Vélorution, mais Olivier Théron, l’un de ses membres actifs, dément : « Il n’y a pas eu de dialogue avec la mairie. Si vous fouillez nos ordinateurs vous ne trouverez aucune trace d’aucun mail. » Il ajoute : « Lorsqu’on regarde de près cette liste de ces soit-disant propositions, on se rend compte qu’elles sont toutes excentrées et qu’aucune n’est viable : il y a trois terrains vagues, une ancienne concession automobile et même un immeuble habité ! »

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Des tensions avec la mairie depuis 2013

Ce n’est pas la première fois que la Vélorution est en bisbille avec la mairie de Toulouse. En 2013 déjà, sous Pierre Cohen (PS), une proposition de relogement, « dans un ancien entrepôt mortuaire du côté de Borderouge », avait été formulée, toujours selon Olivier Théron. La Vélorution avait refusé tout en continuant de payer son loyer annuel de vingt euros. Le projet communal s’était évanoui.

« Nous sommes bien intégrés dans le quartier et nos voisins ne se sont jamais plaints de quoi que ce soit. »

Aujourd’hui assignée en justice, la menace d’expulsion de la Vélorution se fait plus virulente. Oliver Théron se désole de cette situation, d’autant que l’association, qui ne reçoit aucune subvention, se porte bien : « Nous avons 800 cotisations à jour avec environ 30% d’adhérents en plus chaque année. Nous sommes bien intégrés dans le quartier et nos voisins ne se sont jamais plaints de quoi que ce soit. »

La Vélorution en appel au soutien des Toulousains

Pour ce porte-parole, plusieurs issues au litige sont acceptables : la signature d’un bail plus long et moins précaire, la cession gratuite du lieu par la mairie, son rachat par l’association, ou encore, le déménagement dans un lieu proche de la ville et aménageable pour ce type d’activité qui nécessite de stocker plusieurs centaines de vélos.

Lorsqu’on l’interroge sur la réalisation de ces deux dernières revendications, il assure que la Vélorution serait prête à recourir au crowdfunding (appel aux dons) pour racheter le lieu, estimé à 150 000 euros, et qu’elle accepterait de déménager sous certaines conditions. Il évoque l’île du Ramier : « Lorsque le Parc des expositions aura déménagé à Aussonne, d’ici six ans, pourquoi ne pas réaliser un lieu qui réunirait plusieurs associations ? »

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En attendant, les vélorutionnaires continuent de résister. Samedi 18 avril, ils ont manifesté en centre-ville et dimanche les portes de l’atelier étaient ouvertes au public. Une pétition en ligne a déjà recueilli 2000 signatures.