Une conférence a abordé le thème de la francophonie comme espace journalistique, alors que la population francophone est appelée à se multiplier dans les années à venir. Une opportunité pour la presse française, en plein marasme.

« 2050, c’est demain. Mais c’est aussi aujourd’hui ». Jean Guion, le président de l’Alliance francophone lance un défi aux médias français. Selon un sondage de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la population francophone oscillerait entre 700 et 800 millions de personnes en 2050. Une chance et une opportunité énorme pour les producteurs d’information française. « Ce poids démographique agirait comme un catalyseur. » Cependant, la partie est loin d’être gagnée. Par quels outils, par quels moyens de communication, les grands groupes de presse français peuvent profiter de cet élan démographique et économique, propice à une augmentation de la consommation des biens culturels et informatifs ?

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La « Françafrique » journalistique menacée

Depuis les indépendances, la France avait gardé une certaine main-mise sur l’information. Mais aujourd’hui, les médias hexagonaux ont encore des stratégies de diffusion trop défensives. Olivier Zegna Rata, fondateur d’Afrik.com, explique qu’en Afrique notamment, principal vivier de la francophonie, la Chine a pris les devants en matière de réseaux. Les médias anglo-saxons sont devenus les principaux producteurs d’images de par la création de grands centres de production audiovisuels en Afrique anglophone, comme au Nigéria. Pour illustrer ce déclin, on peut prendre l’exemple d’AITV, l’Agence Internationale d’Images de Télévision, filiale de France Télévisions, spécialisée dans la production d’images télévisées française sur l’actualité africaine, qui devrait mettre la clé sous la porte d’ici un mois.

Les médias français n’hésitent pas à innover

Plusieurs médias français se sont penchés sur la question de cette nouvelle offre éditoriale. Le Monde escompte lancer dès la fin de l’année une version africaine de son site, pour une audience africaine. Avec une vingtaine de collaborateurs locaux, le quotidien français espère jouir de sa réputation auprès de ce nouveau public. Ce Monde aux couleurs de l’Afrique sera notamment adapté aux smartphones, très présents sur le continent. La forme du site sera également légère de façon à ne pas souffrir des problèmes de connexion internet qui peuvent exister sur le continent africain.
France Culture espère séduire la francophonie avec une nouvelle forme de radio. Les chiffres parlent d’eux mêmes. L’année dernière, on a constaté une augmentation de 43% des téléchargements de podcasts provenant de l’étranger. Face à ce succès, les dirigeants de la radio ont lancé le projet d’une nouvelle radio destinée aux francophones, disponible sur tout support, basée sur un modèle non-marchand de collaboration avec un cortège d’experts de la francophonie.
Enfin, RFI et ses 32 millions d’auditeurs africains a aussi fait le choix de la remise en question et de la nouveauté. Face à l’éclosion de site et portails d’information, la radio internationale a fait le choix d’améliorer son site internet. Elle va aussi mieux s’adapter aux technologies africaines avec une meilleure adaptation aux supports que sont les smartphones et à travers eux, sur les réseaux sociaux. Pour finir, un système d’alerte SMS et de kiosque vocal est en passe d’être aménagé.