Condamnés à deux mois et demi de prison par la justice indonésienne, Thomas Dandois et Valentine Bourrat seront libérés ce lundi 27 octobre. En effet, les deux journalistes français sont en détention provisoire depuis le 6 août dernier et ont donc déjà purgé leur peine.

La case procès a été de courte durée. Ouvert lundi 20 octobre, au tribunal de district de Jayapura (capitale de la province de Papouasie occidentale), le procès de Thomas et Valentine s’est achevé vendredi avec un jugement bienvenu.

10632568_614136292030750_6205821284803610104_n.jpg Reconnus coupables d’usage abusif de visa d’entrée, Thomas et Valentine risquaient jusqu’à cinq ans de prison. Au quatrième jour des débats, le procureur du tribunal de district de Jayapura a requis une peine de quatre mois, espérant ainsi mettre en garde les journalistes étrangers souhaitant enquêter dans la région. Les juges ont finalement statué sur une condamnation à deux mois et demi d’emprisonnement, couverts par la période de détention provisoire.

Pour les deux journalistes français, le temps a paru interminable depuis leur arrestation le 6 août. Au micro de France Info, Thomas Dandois se confie : « [La rapidité du procès] a été une grosse surprise car depuis le début tout était figé, on avait très peu d’information. Et tout d’un coup, dès que la justice a pu prendre les choses en mains, les juges ont montré une volonté de faire avancer les choses très très vite… On était dans des conditions correctes. Mais ce qui est difficile dans ce genre de situation c’est de ne pas savoir combien de temps ça va durer, c’est une sorte de torture psychologique. On risquait quand même cinq ans pour une histoire de visa.»

Une simple histoire de visa qui intervient dans un contexte tendu. Entrés en Indonésie avec un visa touristique, Valentine Bourrat – diplômée de Sciences Po Toulouse en 2010 – et Thomas Dandois réalisaient un reportage sur les rebelles séparatistes de cette région pour Arte. Ils se savaient dans l’illégalité vis-à-vis des lois indonésiennes. Seulement, demander un visa de travail en tant que journaliste pour un reportage sur les rebelles opposés au régime, est le meilleur moyen pour ne pas en obtenir (ou pour être surveillé tout au long du voyage).

De plus, les journalistes sans visa presse sont habituellement expulsés du territoire et non pas détenus plus de deux mois…
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Un procès dans un climat national tendu

En 1969, la Papouasie occidentale a été rattachée à l’Indonésie sans l’approbation de la majorité de la population et des groupes rebelles se sont formés pour réclamer l’indépendance.
_freethomasandvalentine.jpgThomas Dandois a été arrêté à Wamena (ville à l’est de la province de Papouasie occidentale) alors qu’il se trouvait avec des rebelles, et Valentine le lendemain. Des interpellations intervenues dans un climat de tension entre le gouvernement et les rebelles de l’OPM (Mouvement pour la Papouasie libre). Le 1er août, un échange de coups de feu avec des militaires fait cinq morts côté rebelles. Quelques jours plus tôt, une embuscade imputée à l’OPM tue deux policiers.

Une chose est sûre, Valentine Bourrat et Thomas Dandois n’ont jamais vraiment été seuls face aux juges. En France, le soutien s’est organisé au travers du #FreeThomasAndValentine, d’une page facebook, un compte twitter et une pétition lancée par Reporters Sans Frontières début octobre (près de 15000 signatures).