Depuis la loi du 11 février 2005, dite « loi handicap », les établissements recevant du public sont dans l’obligation de rendre leurs locaux accessibles à tous avant 2015. L’échéance approche, et de nombreux travaux restent à faire pour atteindre les objectifs de cette loi. Du côté de l’Institut d’études politiques (IEP) de Toulouse, la vétusté du bâtiment et le déménagement des locaux prévu avant 2015 remettent en cause la mise aux normes.

« Les universités sont des établissements recevant du public, et sont donc soumises à la loi de 2005 », souligne le docteur Cousergue, du Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques (GIHP) de Midi-Pyrénées. Cependant, de nombreuses facs toulousaines sont encore loin des obligations fixées par la loi. Les conditions sont pourtant simples : pour les locaux neufs, les constructeurs doivent prévoir dans les plans une accessibilité totale, tandis qu’une mise à niveau est exigée pour le bâti ancien. Selon l’état des lieux, les coûts de mise aux normes, les travaux imposés sont plus ou moins importants. Ainsi, malgré la non conformité de ses locaux, l’IEP espère obtenir une dérogation. « Nos locaux datent de 1958, et forcément à l’époque il n’existait pas les normes actuelles. Nous avons réalisé le diagnostic d’accessibilité fixé par la loi, et sans surprise, l’avis a été défavorable », explique Jean-Michel Planas, secrétaire général adjoint de l’IEP, en charge de ce dossier.

Mais du fait de la vétusté des lieux, et surtout du déménagement prochain de l’établissement, prévu en septembre 2015, l’IEP a demandé à la Direction de la sécurité civile (DSC) d’être placé sous un régime dérogatoire. « La mise en conformité du bâtiment actuel impliquerait des fonds que nous n’avons pas. De plus, les futurs locaux seront aux normes, nous n’allons pas entreprendre des travaux aussi coûteux alors que nous partons dans deux ans », souligne Jean-Michel Planas. La DSC n’a pas encore rendu son verdict, mais l’IEP a bon espoir. « On a décidé de se concentrer sur la sécurité, en engageant un personnel spécifique présent en permanence », ajoute le secrétaire général adjoint.

Le principal problème est celui des étudiants en situation de handicap qui souhaitent suivre des cours jusqu’à cette échéance. Il existe un ascenseur mais il ne permet pas d’atteindre toutes les salles…

Un des visuels de la dernière campagne institutionnelle de l'APF Accessibilité et conception universelle

« Les établissements auraient dû programmer tout cela bien plus tôt afin d’obtenir les fonds nécessaires, et de procéder aux appels d’offre indispensables à des travaux coûteux », révèle le docteur Cousergue.

« On peut comprendre qu’il y ait un manque de moyens de certains établissements. On revendique seulement le droit de chacun à se déplacer de manière autonome », affirme Odile Maurin, représentante départementale de l’Association des paralysés de France (APF) en Haute-Garonne. L’APF, qui milite pour les droits des personnes en situation de handicap, souhaite affirmer, à travers cette question de l’accessibilité, l’importance de la notion de conception universelle, que l’association place au coeur de ses revendications. « Il s’agit de concevoir un environnement qui soit accessible, compréhensible et utilisable par tous, sans devoir recourir à des solutions nécessitant une adaptation ou une conception spéciale », explique Odile Maurin. En attendant, l’association a basé sa dernière campagne de promotion sur ce sujet. Le chemin est encore long, mais il passe d’abord par le respect de cette échéance de 2015.