Le Conseil d’administration de l’IEP de Toulouse prenait une décision inédite en décembre 2012 en refusant de voter le budget 2013. Et il lançait un appel à l’État pour obtenir une aide exceptionnelle. Retour sur les enjeux du budget de l’école.

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Les raisons d’un refus

Dans une lettre ouverte du 18 décembre 2012, le Conseil d’administration de Sciences Po Toulouse annonçait son refus de voter le budget 2013. Ce texte dénonçait des conditions de travail difficiles, dues à la « situation immobilière désastreuse en raison des problèmes de sécurité engendrés par l’état des locaux ».

La part du budget de l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Toulouse a deux sources principales de financement. D’une part, une dotation globale de fonctionnement accordé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de 1 million 800 000 euros. D’autre part, des ressources propres d’un montant équivalent, constituées principalement des frais d’inscription, mais aussi de la taxe d’apprentissage et de la formation continue.

Les recettes de l’école ont baissé, car la dotation financière de l’État stagne, voire diminue et « il y a plus d’étudiants boursiers, ce qui est positif » note Philippe Raimbault, directeur de Sciences Po Toulouse. Or, l’État n’accorde pas d’aide supplémentaire pour palier à cette volonté de démocratisation sociale.
De plus, dues à la situation immobilière de l’école, des dépenses de sécurité exceptionnelles s’élèvent à 280 000 euros.

Un budget révisé en janvier

Le 24 janvier, le Conseil d’administration a finalement voté un budget, suite à des données nouvelles. En effet, une délégation de l’IEP a rencontré le 3 janvier le ministère de l’Enseignement supérieur pour porter sa demande d’allocation de crédits exceptionnels de l’État.
Il a été accordé deux postes de fonctionnaires et une participation de l’Université-Toulouse I aux frais de sécurité.

Ce qui a été obtenu lors de la rencontre avec le ministère, « ce sont des miettes » s’exclament Laurent Mandement et Constantin Lopez. Ces représentants des étudiants, respectivement de l’Unef et de l’Initiative des Étudiants Progressistes, ont voté contre le budget révisé du 24 janvier. Selon eux, les deux postes accordés à Sciences Po devaient être de toute manière affectés à une école et les frais de sécurité seront assumés par l’université à hauteur de 90 000 euros. Ils dénoncent le « désengagement de l’État » qui constitue une remise en cause du service public.

« Au final, le ministère ne débourse pas plus que prévu. C’est un vrai problème, les étudiants payent une part importante des frais de fonctionnement alors que l’IEP devrait être financé par les impôts » souligne Laurent Mandement.
Mais pour les deux représentants, le cas de Sciences Po Toulouse n’est pas isolé. « Il y a un problème politique, c’est le sous-financement de l’enseignement supérieur par l’État » assure Laurent de l’Unef.

Des inquiétudes persistantes

La configuration budgétaire reste mauvaise et des craintes se font sentir quant à une stabilisation du budget. Cela pourrait compliquer le projet de déménagement de l’Institut d’Études Politiques, même si « la démarche avance pour 2015, le montage financier est finalisé et un concours d’architectes va être lancé » indique Philippe Raimbault.

« L’obtention de fonds va poser problème. À cause de l’instabilité du financement, il est difficile de se projeter à long terme », s’inquiète Constantin Lopez.

En effet, l’essentiel du désaccord semble porter sur le montant du financement public de Sciences Po Toulouse, qui demeure insuffisant en regard des enjeux à venir.