De l’excellence, il n’y a en a pas qu’à Paris, ou dans les autres grandes métropoles du monde. Toulouse détient aussi sa perle rare, un pôle qui attire tous les regards : l’aéronautique et l’aérospatiale. Deux écoles d’ingénieurs en sont le prestigieux emblème, l’ENSICA et Supaéro.
Deux écoles, une seule institution. L’École Nationale Supérieure d’Ingénieurs en Construction Aéronautique (ENSICA) et Supaéro sont regroupées au sein d’un même campus, l’Institut Supérieur d’Aéronautique et de l’Espace (ISAE), bien que situées dans des bâtiments différents. C’est ici que se forment les ingénieurs de demain, dans des domaines dont Toulouse a la quasi-exclusivité, bénéficiant d’enseignements rigoureux et du partenariat des entreprises et centres de recherche environnants. Mais ces deux écoles n’ont pas la même histoire. Supaéro est créée en 1909 à Paris, aux prémisses de l’aviation ; elle fait l’objet d’un déménagement dans les années 1970, à Toulouse. Quant à l’ENSICA, elle voit le jour dans les années 1940, comme détachement militaire du ministère de la Défense. Le campus deviendra l’ISAE en 2007, avant d’être géographiquement fusionné en 2015, pour mieux peser dans les classements internationaux.
Des passionnés
« Je suis passionné de physique, et ça faisait longtemps que tout ce qui volait me fascinait… », explique Bruno, un des 400 étudiants que forme l’ENSICA, implantée dans le quartier de la Roseraie. Ici, on étudie l’avion sous toutes ses coutures : aérodynamique, mécanique, informatique… Autant d’outils qui permettent de concevoir les avions, les satellites et autres objets volants de demain, qui peuplent les récits de science-fiction et l’imaginaire des humains.
Les élèves-ingénieurs, eux, ont cependant bien les pieds sur terre : une ou deux années d’une prépa avec un rythme de travail soutenu, un concours extrêmement sélectif où les places sont chères avec, à la sortie, trois années de formation et une possibilité d’année de césure. A Supaéro, on met aussi l’accent sur d’autres types d’enseignements, moins techniques : « En troisième année, on peut se spécialiser en informatique, en ingénierie financière… », précise Foucault, étudiant en deuxième année. Les étudiants du campus de Rangueil ont des compétences en management, en audit, domaines qui leur ouvrent d’autres portes.
Pas question pour autant de mettre une croix sur la vie associative, très développée à Supaéro : « On a passé deux ans en prépa, on doit redécouvrir l’interaction ! », lâche Maxime, président du Bureau Des Étudiants, « le BDE fédère de très nombreuses associations, dans des domaines très différentes, c’est très formateur pour nous et ça peut être un plus sur le CV ». Sur le campus de Rangueil, 400 à 500 étudiants se côtoient « dans un esprit de famille », avec pour la majorité au moins un engagement dans l’une de ces associations. Les deux écoles participent d’ailleurs à l’European Aerostudents Games (EAG), une compétition sportive à portée internationale entre élèves-ingénieurs, présentant des équipes communes, unies sous la bannière ISAE.
Des destinations variées
Toulouse, ville du ciel, offre naturellement à ces étudiants un panel d’emplois à la hauteur des entreprises qui font une parti du tissu économique local : Airbus, Thalès, Astrium, EADS… Ces géants de l’aéronautique sont d’ailleurs en lien étroit avec ces deux écoles. « Je dirais que 60 % des élèves de l’ENSICA sont embauchés chez Airbus », estime Bruno. A Supaéro, on part souvent en stage chez le leader de l’aéronautique, mais aussi chez ses sous-traitants : 56 % des diplômés en moyenne font le choix de l’aéronautique, de l’espace ou de la défense. On peut également partir à l’étranger, sous réserve d’un bon classement : les États-Unis, la Suède ou bien encore l’Angleterre sont les destinations que les étudiants préfèrent, et qui offrent le plus d’emploi.
Être ingénieur, c’est concevoir. Nombreux sont les étudiants qui s’orientent vers la recherche et l’innovation, dans le but d’améliorer les technologies existantes. « Moi, je voudrais bien faire de la recherche, j’aime beaucoup réfléchir », confie Bruno. L’Histoire est pleine de révolutions techniques… Les centres de recherche s’emploient à provoquer la prochaine. A Supaéro, on s’achemine à 22 % vers l’audit, le conseil, la finance. Et pour cause, une spécialisation est possible dans ce domaine, avec des intervenants venus de Goldman Sachs, ou bien encore de la Société Générale. La plaquette de l’établissement est claire : « L’ingénieur Supaéro est avant tout un généraliste de niveau reconnu ».
Une ombre au tableau cependant : l’absence criante de filles dans les promos. « Ce n’est pourtant pas forcément le cas dans toutes les écoles d’ingé, il y a de bons ratios en agronomie et en chimie », note Bruno. Des étudiantes, pas vraiment encouragées, rebutées par des filières composées de mathématiques et de physique intensives et dans lesquelles on les inciterait pas vraiment à s’engager… On espère une amélioration.