Après une campagne électorale intense, Barack Obama a été réélu président des États-Unis. Pour son second et dernier mandat, il va devoir relever de nombreux défis dans un contexte économique difficile. Après l’euphorie de la victoire, dur retour à la réalité pour le président démocrate. Il se retrouve confronté à une situation de cohabitation avec les Républicains qui dominent toujours la Chambre des représentants.

Obama_history.jpg

D’un point de vue historique, on peut constater que les seconds mandats des présidents des États-Unis ont généralement été moins heureux que les premiers :

  • Woodrow Wilson a été un grand réformateur, mais il a échoué, après sa réélection en 1917, à faire entrer les États-Unis à la SDN et à leur faire ratifier le traité de Versailles.
  • Théodore Roosevelt a été réélu de manière écrasante en 1936, mais il est allé trop loin en s’attaquant notamment à la Cour suprême, qui avait bloqué nombre de ses réformes.
  • Richard Nixon n’a pas fini son mandat à cause de l’affaire du Watergate en 1974.
  • Le second mandat de Bill Clinton, en 1997, a été en partie gâché par l’impeachment dont il a fait l’objet suite à un certain nombre de scandales comme la célèbre affaire Lewinsky.
  • Georges W. Bush (réélu en 2005) a échoué dans sa gestion de la guerre en Irak, de la tempête Katrina et de la crise économique.

Ronald Reagan est une exception. Même si son second mandat a été agité par le scandale de l’Iran-Contra* en 1986, il a bénéficié de la fin de la guerre froide. Barack Obama va-t-il pouvoir assurer son second mandat sans accrocs ? C’est la question que se posent certains observateurs, d’autant plus que le président réélu doit faire face à de nombreux défis.

Pour son second mandat, Barack Obama se sentira sans doute plus libre dans la mise en place de ses réformes. Libéré des entraves de la réélection, le président va pouvoir s’attaquer aux principaux dossiers sans que l’enjeu électoral n’intervienne dans la mise en œuvre de sa politique. Seules les élections de mi-mandat en 2014 sont là pour lui rappeler qu’il ne dispose pas de l’éternité pour agir.

Des défis économiques à ne pas négliger

Le premier défi de Barack Obama est d’éviter le fameux « mur budgétaire ». Ce mécanisme prévoit l’activation automatique de coupes budgétaires et des hausses d’impôts au 1er janvier 2013 si aucun accord n’est trouvé entre la Maison-Blanche et le Congrès concernant la réduction du déficit fédéral.

Si l’administration d’Obama n’intervient pas rapidement, cette cure de rigueur pourrait faire replonger les États-Unis dans la récession dès l’année prochaine, selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), organisme indépendant des partis. Cette perspective n’est pas la bienvenue à l’heure où la dette publique ne cesse de s’alourdir, dépassant 16 200 milliards de dollars soit 103% du PIB américain.

Barack Obama va également devoir s’attaquer au chômage. Malgré une embellie récente sur le marché du travail, le taux de chômage reste élevé, à 7,9% en octobre. Pendant la campagne, Barack Obama a promis de créer un million d’emplois dans le secteur manufacturier d’ici à 2016 grâce à des cadeaux fiscaux destinés aux entreprises qui relocalisent leur production sur le sol américain.

obama_economie.jpg

Dans le domaine économique, Barack Obama va devoir négocier avec les Républicains à la Chambre des représentants. Lors de son discours de victoire, il s’est dit « impatient de tendre la main et de coopérer avec les dirigeants des deux partis pour faire face aux défis que nous pourrons surmonter ensemble ». Il a alors évoqué la réduction du déficit budgétaire, la révision de la fiscalité, la réforme de la législation sur l’immigration et la réduction de la dépendance énergétique des États-Unis. Lors des négociations, les Républicains vont être dans l’obligation de faire des concessions s’ils veulent sortir le pays de la crise économique.

Depuis 2010, les Républicains ont tout fait pour mettre fin à la présidence de Barack Obama mais ils n’ont pas réussi. Pour avoir une chance de remporter des voix lors des élections de mi-mandat en 2014, les Républicains vont devoir changer de stratégie et ne plus se présenter uniquement comme une force d’opposition. Ils vont devoir proposer des réformes.

Achever la réforme de la santé

Le président démocrate va devoir achever son programme-phare, l’ « Obamacare » malgré les oppositions du Tea Party et des Républicains. Cette réforme va rendre l’assurance-santé obligatoire pour la quasi-totalité des citoyens et empêcher les assureurs de refuser de couvrir les personnes présentant des problèmes médicaux connus. L’objectif, à terme, est de fournir une assurance-santé aux 32 millions d’Américains qui en sont aujourd’hui privés.

Le contrôle du Sénat par les Démocrates servira de pare-feu aux tentatives des Républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, pour faire annuler la réforme du système de santé qui doit entrer en vigueur en 2014.

obamacare.jpg

Barack Obama va devoir se battre sur trois fronts. Il a prévu, tout d’abord, de financer le système en luttant contre le gaspillage. Pour ce faire, il veut informatiser le système de santé avec la création d’un dossier médical électronique et développer la prescription des génériques.

Ensuite, il souhaite protéger les médecins de la pression judiciaire. La crainte des procès pousse les médecins à travailler ensemble dans un même cabinet tandis que les assurances augmentent leurs primes. Pour limiter cette hausse des primes, Barack Obama a souhaité encourager la déclaration des erreurs médicales tout en protégeant les médecins des recours en responsabilité professionnelle.

Enfin, le gros point noir du système américain reste la qualité des soins. Barack Obama a proposé la création d’un « institut des bonnes pratiques » (Best Practices Institute) chargé d’éclairer les choix des assurances et des patients.

Être présent au niveau international

Sur le plan international, Barack Obama veut retirer les forces américaines d’Afghanistan d’ici fin 2014, transférant ainsi la responsabilité de la sécurité aux troupes afghanes. C’est un dossier qui s’annonce compliqué tant la situation sur place reste délicate.

Le président américain veut par ailleurs poursuivre les efforts de la communauté internationale pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Il a entamé un dialogue lors de son premier mandat qui n’a pas abouti.

Concernant le processus de paix au Moyen-Orient, Barack Obama n’a pas réellement de marges de manœuvre. Ses relations avec le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sont tendues. Les deux hommes ont des désaccords certains à propos de la gestion du dossier nucléaire iranien. Benjamin Netanyahu a soutenu Mitt Romney lors de la campagne présidentielle. Les adversaires politiques du premier ministre israélien lui reprochent d’avoir mal géré les relations avec l’indispensable bailleur de fonds américain. Le dialogue entre les deux pays doit être rétabli. Lors de son second mandat, Barack Obama doit poursuivre ses efforts pour persuader Israël de ne pas entrer en guerre contre l’Iran.

Obama_Netanyahu.jpg

De retour à la Maison-Blanche, l’administration Obama doit se remettre rapidement au travail d’autant plus que beaucoup d’Américains comptent sur ce deuxième mandat pour réellement voir en Barack Obama l’homme providentiel qui leur permettra d’améliorer leur niveau de vie. Quatre ans de plus … une occasion pour ce jeune président Démocrate de rentrer définitivement dans l’histoire politique des États-Unis.

* Scandale de l’Iran-Contra : scandale politique survenu au milieu des années 1980 aux États-Unis. L’administration du président des États-Unis d’alors, Ronald Reagan, a vendu des armes à l’Iran, un ennemi avoué du pays, tout en finançant, avec les profits obtenus, un mouvement contre-révolutionnaire nicaraguayen de lutte armée, les Contras.