GAY.jpg La question du mariage homosexuel occupe l’espace médiatique. Et pourtant, il n’y a pas que ça. Les discriminations en raison de l’orientation sexuelle (ou discriminations de genre) touchent encore beaucoup d’étudiants, la plupart sommés de taire ce qu’ils sont. Retour sur deux terribles fléaux : la lesbophobie et l’homophobie.

Toute progressiste qu’elle puisse paraître, la société semble bloquée sur certains sujets. L’un d’entre eux est l’homosexualité, et plus encore, sa visibilité dans l’espace public. Encore aujourd’hui, deux personnes du même sexe échangeant des signes d’affection provoquent l’étonnement, voire la colère des personnes alentour. Ici, point de mariage, ni d’adoption : seulement des personnes qui souhaitent vivre leur amour, de façon sereine, et dans l’égalité. « Tu te fais rapidement insulter », explique Thibault, étudiant, « ça peut être intimidant, mais moi, j’ouvre ma gueule ».

Contre les discriminations

Pour Thibault, étudiant à Sciences Po Toulouse, le problème principal, c’est dans la rue. En effet, beaucoup de passants ne tolèrent pas l’homosexualité dans cet espace public, et le font remarquer de vive voix. « On te dit que t’es un sale pédé », raconte-t-il, avant d’expliquer qu’il est nécessaire de se défendre dans ce genre de situation, afin de ne pas leur donner l’avantage. En général, l’agression survient quand l’individu est seul. D’où l’idée de se regrouper, en association. A Toulouse, Jules et Julies se veut une association LGBT (Lesbiennes Gays Bis Trans) étudiante, qui permet à ses adhérents de se retrouver pour discuter et agir. Mais ce n’est pas la solution qui convient à tous : Thibault parle plus volontiers d’une jeune initiative aveyronnaise Alerte, qui réclame l’égalité pour tous. L’association souhaite sensibiliser le grand public à ces questions, et tenir des permanences régulières. « L’important, c’est de ne pas se sentir seuls», conclut Thibault. Son engagement est celui d’un étudiant qui n’admet aucune discrimination, quelle qu’elle soit, et qui voit en elles des « luttes communes » à mener.

Peine d’invisibilité

alluneed.jpg « Quand deux filles se tiennent la main dans la rue, on se dira que ce sont deux sœurs, deux meilleures amies, une nièce et sa tante… mais jamais on n’imaginera qu’il s’agit de deux amoureuses ! », explique E., étudiante, assez révoltée. Pour elle, l’une des caractéristiques de la lesbophobie est d’obliger les femmes à se tapir dans l’ombre. « Nous vivons dans une société hétéro, l’université est une mini-société, donc elle n’échappe pas à la discrimination  », continue-t-elle. Elle déplore l’inexistence de lieux où les lesbiennes puissent se retrouver et échanger. Son engagement : la non-mixité. « C’est dans des lieux non-mixtes que je me réalise le mieux, je m’y sens bien », poursuit E. Elle évoque les nombreuses soirées étudiantes organisées par son université, et explique comment elle ne s’y sentait pas du tout à l’aise. Des beuveries dont le mot d’ordre est d’à tout prix finir avec une personne du sexe opposé, dans une ambiance à des années lumières du savoir universitaire… « Qu’est-ce qu’on fait quand ça nous terrorise, quand on ne trouve pas sa place ? ».

Une chose est sûre : le débat sur le mariage homosexuel ouvre un espace riche en propos homophobes, que ce soit dans les médias ou dans la vie de tous les jours. Malgré une opinion soit disant ouverte, le conservatisme est encore bien présent, parfois même à demi-conscient. A quand une révolution des mentalités ?