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Environ 200 personnes se sont réunies ce samedi 18 février, place du Capitole. Drapeaux grecs, panneaux incriminant le système économique et financier … Les Toulousains dénoncent l’austérité imposée au peuple grec, d’autant plus qu’elle pourrait également s’installer en France.

« Greece burns for all of us » (« la Grèce brûle pour nous tous), c’est ce qu’on a pu lire sur les panneaux brandis lors du rassemblement de soutien au peuple grec. Ils étaient 200 à défiler jusqu’à la Préfecture pour exprimer leur solidarité, mais aussi leur désaccord avec la stratégie des poids-lourds de l’Union Européenne, dont la France fait partie.

Le cortège a continué sa route dans plusieurs rues du centre-ville, au son du « Solidarité avec les émeutiers ! », tâchant d’interpeller les habituels passants du samedi après-midi. Les manifestants se sont arrêtés place Wilson où les banderoles ont été exposées, et le micro s’est ouvert au public. Enfin, un concert de musique grecque (Ta Limania Xena) a eu lieu sous les drapeaux bleus et blancs, autant applaudis par les manifestants que par les passants curieux.

La journée de mobilisation se voulait une réponse à une actualité grecque brûlante, avec de nouvelles mesures qui pourraient encore développer la révolte.

Encore une autre saignée

La nuit du dimanche au lundi 13 février a été particulièrement violente à Athènes : plusieurs banques ont brûlé, signe d’une profonde exaspération des Grecs, soumis à la rigueur depuis 2008. Cette nuit-là, la Vouli (Chambre des députés) vote un quatrième plan d’austérité prévoyant des diminutions drastiques des minimas sociaux et des retraites, ainsi que des hausses de TVA.
L’Union Européenne avait prévenu : sans le vote de ces mesures, elle n’accorderait pas le prêt de 130 milliards d’euros qu’elle avait promis à la Grèce.

« Les salaires vont baisser de 22%, les retraités voient leur pension passer de 580€ mensuels à 350€ et c’est toute la famille qui doit vivre avec ça ! », raconte Yannis Youlountas, écrivain et philosophe, présent à la manifestation. Malgré (ou à cause des) les multiples plans mis en place par le gouvernement, et soufflés par ceux qu’ils appellent la « troïka » – Union Européenne et Fonds Monétaire International -, la Grèce enregistre une chute de 7% de son PIB au dernier trimestre, faisant suite à une récession oscillant entre 3 et 5% ces dernières années.

« On le voit bien, l’austérité, ça ne marche pas ! Récemment, les cantines scolaires ont été supprimées. Les petits ne mangent pas bien chez eux, et ils ne mangeront pas non plus bien à l’école ! », s’indigne Yannis Youlountas. Les caisses grecques semblent vides, mais il existe d’importantes niches fiscales auxquelles le gouvernement n’a pas touché : les parlementaires sont payés deux fois plus qu’en France, et les armateurs sont peu taxés.

De pire en pire ?

Pour beaucoup de manifestants, la suite des événements ne sera pas meilleure. Le premier syndicat de police en Grèce menace déjà de ne plus obéir si le pouvoir lui ordonne de réprimer violemment les manifestants, parmi lesquels figurent des membres de leur famille. Confrontées à un gouvernement qui réduit tous les budgets et qui se désengage massivement, beaucoup d’administrations font l’expérience de l’autogestion. « Il y a des hôpitaux autogérés, des écoles du genre éducation populaire  », explique Yannis Youlountas. « La Grèce est proche de l’insurrection  », face à un gouvernement non-élu et qualifié d’ « auto-proclamé  ».

Si la situation de la Grèce est dramatique, elle n’est pas sans rappeler la « crise » que tous les pays européens traversent. Les politiques ne s’en cachent pas : la Grèce pourrait bien être une répétition générale de ce qui se passera demain en France. L’écrivain le déplore : « La mobilisation n’est pas encore assez forte », et pourtant, le mot « austérité » est déjà sur toutes les lèvres…

De grands absents

Les partis politiques et les syndicats n’étaient pas présents au rassemblement, à l’exception d’ATTAC : « Ils étaient invités , mais ils n’ont pas répondu à l’appel », assure Yannis Youlountas. La date du 18 février a été choisie par les manifestants grecs eux-mêmes, afin qu’une mobilisation mondiale et de grande ampleur puisse avoir lieu. Un autre rassemblement, appelé par le Front de Gauche et le Nouveau Parti Anticapitaliste, avait eu lieu le mardi de la même semaine, rassemblant une centaine de personnes devant la Préfecture. Une division que beaucoup de manifestants déplorent.