Rencontre avec Pierric Blum, président de Radio Campus Toulouse. Pour les lecteurs d’Univers-Cités, il aborde sans tabou les questions du fonctionnement, de l’audience, mais aussi de l’indépendance de la célèbre radio associative toulousaine.

Pierric Blum a commencé sa carrière sur RBM. Il a d’abord animé des émissions sur Radio Campus Toulouse, avant d’en devenir le président en septembre dernier. Il revient plus en détail sur les lois qui régissent Radio Campus, un média associatif phare du paysage toulousain.

Univers-Cités : Comment fonctionne une Radio Campus ?

Pierric Blum : Nous recevons une aide du Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER). Les Radios Campus sont régies par la loi sur les associations de 1901. Nous sommes donc tenus d’exercer une activité à but non lucratif. En revanche, nous avons le droit de recevoir l’équivalent de 20 % de notre chiffre d’affaires en publicité. La publicité ne représente donc qu’une part infime de notre activité.

Si les Radios Campus ne dépendent pas des recettes publicitaires mais du FSER, comment font-elles pour conserver leur liberté d’expression ?

Chaque année, nous devons présenter un rapport d’activité, et comme chaque radio en France, nous devons enregistrer nos émissions pour nous couvrir en cas de litige. A Campus, la ligne éditoriale est consacrée aux étudiants, au dialogue avec les universités, et à la communication de proximité. Etre un média associatif nous confère au moins un avantage : celui de ne pas être écouté tous les jours par le CSA. A Radio Campus Toulouse, certaines tendances se dégagent, notamment au travers de notre émission « Politiquement vôtre », diffusée depuis octobre dernier. Mais nous n’avons pas de couleur politique à proprement parler. D’une manière générale, on essaie de ne pas aborder les sujets qui fâchent, même si j’aimerais qu’à l’avenir, on arrive à traiter des sujets plus polémiques. Il nous faudra alors des animateurs qui aient et les épaules, et les connaissances pour animer le débat. Pour dénicher ce genre de personnalités il faut aller à la rencontre des syndicats d’étudiants, au contact de ces jeunes qui s’engagent dès l’université. Mais à l’heure d’aujourd’hui, on privilégie l’axe culturel.

Comment décririez-vous la place qu’occupe Radio Campus dans le paysage des médias associatifs toulousains ?

Notre audience est plutôt satisfaisante, puisqu’on tourne à 11 000 auditeurs par jour, ce qui fait de Radio Campus Toulouse la radio la plus écoutée parmi les médias associatifs. Porter le nom de Campus, c’est donner une raison de supplémentaire aux étudiants de se retrouver dans cette structure. D’ailleurs beaucoup de jeunes créent leur Radio Campus dans les villes de France. La dernière en date est née à Montpellier en septembre dernier. La couleur musicale y est aussi pour beaucoup. Il y a très peu de publicité à l’antenne. Les titres diffusés proviennent souvent de labels indépendants, à faible rotation. Il est donc peu probable d’entendre un morceau plus d’une fois dans la journée. Quant à nos émissions thématiques, elles jouissent d’un franc succès, puisqu’elles permettent à des personnages locaux de s’exprimer, qu’il s’agisse de DJ ou d’organisateurs de soirée.

Ne craignez-vous pas la concurrence de Booster FM ?

Booster partage depuis peu sa fréquence avec FMR qui fait partie du réseau FERAROCK. La musique que Booster FM diffuse est donc tournée vers le rock. En ce qui nous concerne, nous n’avons que trois émissions rock, et ce n’est pas le genre qui constitue la majeure partie de notre programmation. Don ce n’est pas le même public qui écoute Booster et Campus.

Si vous deviez résumer la vocation de Radio Campus ce serait …

Les valeurs que nous partageons à l’antenne sont celles de la découverte culturelle et artistique au sein d’un projet qui se veut pédagogique. Dernièrement, nous avons mis en place une action auprès de l’INSA. Les étudiants travaillent sur l’apprentissage des techniques radiophoniques, et leurs ateliers sont restitués à l’antenne. D’une manière plus générale, Radio Campus a vocation à améliorer le lien parfois rompu entre les étudiants et la population active, même si je dois dire que les gens qui nous écoutent sont de plus en plus « vieux ». Les chiffres de 2010 montrent que la majeure partie de nos auditeurs se situe entre 25 et 39 ans, alors qu’avant nous touchions davantage les 18/25 ans. Cela peut venir du fait que les plus jeunes préfèrent écouter de la musique commerciale tendance, tandis que Campus a fait le choix de faire découvrir de nouveaux talents et de d’accorder de la place aux compositeurs émergents. D’ailleurs, dans le cadre du pôle régional des musiques actuelles [plus connu sous le nom « Avant mardi », Ndlr] nous sommes impliqués dans un projet de cluster qui devrait naître à Borderouge. L’idée est de mettre en place une véritable pépinière culturelle.