Des bancs des écoles à ceux des facs, les étudiants sont mobilisés. Loin d’avoir oublié la défaite rencontrée en 2007 contre la mise en place de la loi LRU, ils souhaitent aujourd’hui prendre leur revanche. Et ils espèrent que leur mouvement sera amplifié par les revendications des enseignants chercheurs.

Le 26 février, les étudiants manifestent aux côtés des enseignants-chercheurs.Au printemps 2007, un vent de révolte avait soufflé sur les facultés. Autonomie et privatisation des universités françaises, crainte d’une université à deux vitesses, les inquiétudes allaient croissantes, provoquant des manifestations importantes. Et sans résultat. « Nous avons eu beau faire, nous n’avons pas pu obtenir gain de cause », déplore Nicolas, 22 ans, étudiant au Mirail. Mais il n’est jamais trop tard. Devant la mobilisation sans précédent des enseignants chercheurs, les récriminations de 2007 ont réapparu. Appelés par les professeurs à rejoindre le mouvement, les étudiants sont venus grossir les rangs d’une grève réunissant des revendications aussi originales que variées dues à la grande diversité des manifestants ; entreprises privées et organismes publics, engagés dans une même lutte : dénoncer les réformes et mesures prises par le gouvernement à leur encontre.
Des explications nécessaires

François, 25 ans, étudiant en écologie à l’université Toulouse III Paul-Sabatier, déplore le manque d’informations qui s’est fait ressentir au départ : « Personne n’est vraiment au courant de ce qui se passe chez nous, à Paul-Sabatier ». Alors il se rend aux AG (assemblées générales) des professeurs, « juste pour comprendre un peu mieux ce qui se passe ». Les étudiants sont nombreux à regretter un mouvement professoral qu’ils considèrent comme « un peu individualiste ».

Les étudiants sont nombreux à vouloir intensifier le mouvement.

Les étudiants sont nombreux à vouloir intensifier le mouvement.Même si cette tendance évolue. Sonia, 22 ans, étudiante en économie, remarque que « désormais, les enseignants chercheurs en grève prennent la peine, pour la plupart, de venir expliquer aux étudiants leurs revendications ». Une nécessité au regard d’un mouvement qui privilégie la rétention des notes et les menaces de grève illimitée. « On ne peut pas demander à nos étudiants de nous soutenir s’ils ne comprennent pas pourquoi, à la mi-février, leurs notes n’ont toujours pas été rendues et leurs cours ne sont pas assurés », remarque un enseignant en littérature.

La place ambigüe des doctorants

Et puis il y a ceux du milieu, les doctorants. Présents aux AG des enseignants chercheurs comme à celles des étudiants, ils prennent facilement la parole pour exprimer leurs revendications. Ils réclament même le micro, tant qu’ils peuvent. Car les craintes sont nombreuses pour ces presque anciens étudiants pour qui l’avenir dans la recherche prend des teintes grisâtres. « Quand j’ai commencé ma thèse, je touchais assez de subventions pour vivre de mon travail de recherche. Je travaillais 14 heures par jour et ne me réservais qu’un week-end par mois pour souffler. Comment voulez-vous que les jeunes d’aujourd’hui, si on leur enlève ces subventions, aient encore envie d’être chercheurs ? » s’énerve une enseignante de l’IEP de Toulouse. Et Sylvain, doctorant en microbiologie, de renchérir : « Je n’aurais pas un poste fixe avant d’avoir 40 ans. Tous les organismes fonctionnent maintenant avec des vacataires, comme le CNRS qui, en trois ans, est passé de 200 à 900 vacataires ».

Doctorants, étudiants, enseignants chercheurs, poings serrés et mains liées, luttent désormais ensemble. L’enjeu ? Faire reculer et disparaître la loi LRU, qu’ils considèrent comme la mère de tous leurs maux. Et les plus jeunes espèrent secrètement que leurs efforts ne seront pas aussi vains qu’en 2007. « Si les profs s’étaient bougés aussi en 2007, on n’en serait pas là », soupire Nicolas.

Reportage son : « Etudiants et enseignants unis contre la loi LRU » Au micro de Mélanie Tournadre

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