Après la consécration des Bleus aux Jeux olympiques de Pékin, le contexte n’a jamais été aussi favorable pour aider la discipline à franchir un nouveau cap. Une occasion à ne pas manquer pour les clubs de la région.

À l’heure où le quotidien des clubs reprend ses droits, les champions olympiques ont offert un cadeau inestimable aux acteurs confidentiels d’un sport en perpétuelle quête de notoriété. Avec 4 millions de téléspectateurs, le bonheur des Bleus, le 24 août à Pékin, a enivré l’audience. La victoire passée , un nouveau challenge s’impose à ceux qui font vivre un handball plus prosaïque, loin des projecteurs : faire prospérer l’élan de sympathie né de leur sacre…

Au club Toulouse handball, le staff des organisateurs est dans les starting-blocks depuis la victoire olympique des « Experts » toulousains à Pékin : « Depuis quelques années, nous devons clore les inscriptions dès la fin septembre, et refuser un grand nombre de jeunes. »
Premier sport collectif champion du monde en 1995, le handball tricolore présente, à l’issue de ces derniers JO, un palmarès à faire pâlir de jalousie les footballeurs ou les rugbymen, si fréquemment mis en avant. Depuis plusieurs années, ils font preuve d’une constance remarquable dans les grands rendez-vous : pour autant, les clubs régionaux se remplissent-ils à la même cadence ?

L’après-JO : inédit…mais prévisible

À Toulouse, la victoire des Experts n’est pas passée inaperçue. Les enfants du pays fraîchement décorés, l’entraîneur de l’équipe de France Claude Onesta et Christophe Kempé, le capitaine du Toulouse Handball, pivot de l’équipe de France, reçoivent un accueil digne de stars hollywoodiennes lorsqu’ils débarquent à l’aéroport de Blagnac le 27 août dernier. Un enthousiasme spontané, certes, mais auquel les clubs départementaux se préparaient depuis déjà plusieurs mois : « Dès juin, j’ai envoyé un courrier à tous les clubs locaux afin d’anticiper l’affluence des demandes de licences », affirme Yvan Delbosc, président de la Ligue Midi-Pyrénées de handball. Son prédécesseur, Henri Duges, avait comptabilisé 16% d’inscriptions supplémentaires lors des derniers JO.
Un engouement confirmé par Vincent Griveau, conseiller technique régional au sein de la Ligue, qui se réjouit des retombées déjà observées moins de deux mois après la victoire olympique dans l’ensemble des clubs de la région: « L’effet JO est indéniable. Plus globalement, nous mesurons un impact réel chez les jeunes à chaque victoire importante des Français . Mais cette année, c’est sans commune mesure : nous comptabilisons une augmentation d’environ 20% de demandes de licences par rapport à l’année dernière sur Toulouse. » Une hausse qui n’ignore pas les autres clubs de la région, comme à Villefranche du Lauraguais, où l’on enregistre pas moins de 50% d’inscriptions supplémentaires.

Qui dit or ne dit pas nécessairement argent

« Le titre olympique a généré une formidable émotion. Mais seule, elle ne sert à rien. Avec la dynamique positive qui s’était installée avant ce titre, il n’y a jamais eu autant d’éléments favorables. Mais si on n’est pas capable de répondre aux bonnes questions, tout cela restera fragile. » Pour Yvan Delbosc, la question de savoir si le handball est assez mûr pour entrer dans un cercle vertueux semble donc résumer le défi à venir.
Car si la demande est au rendez-vous, l’offre peine à suivre. Un point noir qui fait l’unanimité chez les responsables des clubs du département : « Nous manquons cruellement d’infrastructures et de créneaux horaires pour nous accueillir », reconnaît-on à la Ligue. « Nous souffrons d’un déficit d’image évident : les médias privilégient des sports comme le foot ou le rugby, et nous en subissons les conséquences sur le plan matériel. » Un diagnostic que ne dément pas Vincent Griveau : « La médiatisation s’est rapidement éteinte : que l’on se penche sur les sites internet ou la presse spécialisée, on est déjà reparti sur le foot et les histoires de cœur de Laure Manaudou ».

Exporter l’image du handball

L’essor du handball, si souvent cantonné à un sport de cour d’école, est souhaité par tous. Mais les clubs locaux ont fini par comprendre qu’ils ne pourraient prospérer par la seule grâce des performances de l’équipe de France et que, face aux mastodontes du sport, il leur revient d’innover, d’offrir un spectacle total, comme a su le faire le rugby. Plus bel exemple de cette acceptation, le show inédit promis en avril prochain avec l’organisation de la phase finale de la Coupe de la Ligue… aux États-Unis, dans la fabuleuse enceinte du Miami Heat !

« Il ne faut pas rêver à une révolution, a récemment tempéré Claude Onesta, l’entraîneur des Bleus. Mais si on est champions olympiques, si les diffuseurs viennent pour le championnat, si les Américains s’intéressent à notre sport, ce n’est pas un hasard. C’est une évolution propice pour que le handball devienne le premier sport collectif en salle.»

Un vœu encore à concrétiser. Le handball français souffre d’enceintes modestes. Personne n’ose donc s’emballer sur l’impact de l’or olympique. Pour ceux qui portent la flamme de ce sport bien avant l’embrasement médiatique occasionné par les JO, le combat pour la reconnaissance de leur sport et de ses valeurs est loin d’être achevé.