Nous vous annoncions la semaine dernière la parution imminente du numéro deux du livret « Toulouse by night » valable de novembre à février. L’objectif de son créateur Joseph Cardeira était alors d’atteindre les 140 pages. Aujourd’hui, 51 commerçants sont annoncés pour une seconde édition mise en vente dès le 5 novembre, qui devrait compter au final… 44 pages. Les commerçants ont en effet mis un certain temps à répondre aux sollicitations des deux graphistes. Résultat, le bouclage du second numéro se fait avec moins de participants que prévu, nous explique son créateur par téléphone.

Au chapitre des nouveautés, on retiendra l’arrivée de boutiques de vêtements et d’accessoires comme Pimkie ou Body shop . A noter qu’un tee-shirt « Toulouse by night » vient également de voir le jour. On peut l’acheter à l’unité pour 25€ ou avec l’offre « passeport + tee-shirt » pour 35 €. Après le Cube, la Bodega, Chic,… le Purple vient agrandir l’offre des boites de nuits. Son patron, satisfait des retombées du numéro 1 pour son établissement « le Cinecitta », vient en effet de signer le numéro 2 avec une offre dans la célèbre boîte branchée de Toulouse. On ne pourra également plus dire du passeport qu’il n’est « pas sport ». Un cours de capoeira devrait en effet être proposé dans la nouvelle édition. Enfin, de nouveaux lieux de ventes seraient susceptibles de faire leur apparition : les hôtels et les aéroports. Le motif ? La découverte de la ville de Toulouse à travers ce guide de sorties et de shopping.

Le passeport en voie d’apprentissage…

Le lancement de ce nouveau numéro nous permet également de dresser un premier bilan sur le « passeport » et la nouvelle manière de consommer qu’il propose. Si la plupart des étudiants sont heureux de pouvoir boire pour quinze euros un maximum de verres, certains bars regrettent leur manque de fidélité. Une serveuse de L’Apéro, le bar à cocktails situé boulevard de Strasbourg, nous explique pourquoi ils se sont retirés du passeport : « On a décidé d’arrêter l’offre, ça nous amenait une clientèle qui n’était pas la nôtre. La plupart des gens qui se présentent avec le passeport étaient des lycéens ou des étudiants. Ce n’est pas vraiment notre cible ». En regardant un peu autour de nous, on aperçoit effectivement une clientèle de trentenaires sirotant des verres en silence. Sur les murs, des écrans plats diffusent des dessins animés des années 80. « La dernière fois, cinq lycéens sont arrivés avec leur passeport. Je leur dit qu’on ne fait plus l’offre. Ils m’ont répondu qu’ils étaient venus exprès pour ça, et qu’ils n’avaient pas les sous pour consommer» continue-t-elle avec un sourire un brin désabusé. « En plus, quand ils viennent, ils prennent leur cocktail gratuit et ils s’en vont. Nous, on peut pas servir que des coups gratuits ! »

Une critique que comprend Joseph même si son avis diffère sur l’intérêt du passeport pour les bars. « C’est vrai qu’il y a des gens qui ne sont pas contents parce qu’ils ne connaissent pas le système. Mais ça fait connaître l’établissement. Ils sont gagnants dans le futur, parce que certaines personnes se diront, trois mois après : « tiens, il y a un bar qui est sympa » et ils y emmèneront leurs amis. » Il nous assure aussi que plusieurs patrons présents dans la première édition sont très contents : L’Adrian’s, le Frog and Rosbif ou encore le Cine Cita lui ont ainsi renouvelé sa confiance. Ils auraient trouvé dans le passeport un moyen d’augmenter et de diversifier leur clientèle. Nous avons d’ailleurs pu vérifier notamment pour le Pink Adelik (bar lounge) et pour Alerte rouge (un cybercafé) que la plupart des patrons voyait en le passeport une occasion intéressante de se faire de la pub à moindre frais… Au risque que ces nouveaux clients ne restent pas toujours bien longtemps après avoir consommé l’offre.

…les étudiants français aussi?

Peut-être le passeport est-il plus adapté aux restaurants, qui sont à coup sûr gagnant puisque la consommation de mets reste obligatoire lors d’une commande d’alcool ? Non, nous répond le jeune canadien initiateur du projet : « il y a des problèmes avec les restaurants aussi, les gens qui y vont ne comprennent pas qu’il faut payer à manger pour boire. » En fait, les difficultés viennent certainement des Français eux-mêmes. Joseph n’avait d’ailleurs eu de cesse de nous le répéter il y a deux semaines lors de notre interview. Il constatait alors l’existence de nombreuses différences culturelles entre les français et les « anglo saxons » et particulièrement dans leur rapport aux sorties nocturnes. Le britannique ou l’américain serait plus mobile, plus fêtard, et moins coincé dans ses habitudes que le français. Du côté des entreprises, la France abriterait moins de preneurs de risque. Une opinion que l’on retrouve chez Ronald D Lewis, un linguiste britannique qui s’est beaucoup intéressé aux différences culturelles.*

Le Français, un pantouflard figé dans son petit monde ? Une vision un peu généralisante, mais qui semble retranscrire l’avis de nos voisins anglophones. A nous de les faire mentir.

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* Sources :

Un management à la francaise peut il faire modele ?

Revue des deux mondes