Station de Métro Compans Caffarelli, Toulouse. Crédits: Lorelei Lao

Depuis lundi 17 mars, la compagnie des transports en commun toulousains, Tisséo, permet aux usagers de payer leurs trajets en cryptomonnaie via son application mobile. Une initiative pionnière et expérimentale. 

C’est une première en Europe. Avec l’arrivée de la cryptomonnaie (monnaie numérique décentralisée, qui permet des transactions sécurisées sans passer par une banque), le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc revendique l’image de la ville innovante.

Concrètement, les toulousains peuvent désormais acheter le ticket 10 déplacements, le ticket Planète, le ticket Événement et l’abonnement 31 jours en cryptomonnaie (Bitcoin, Ethereum et USDT, un stablecoin censé garantir une valeur stable) via l’application Tisséo sur Android. Si l’utilisation de la cryptomonnaie en France par la population est estimée à 10%, Sacha Briand, élu en charge des finances à Toulouse Métropole, estime quant à lui que 15% de la population toulousaine détient des bitcoins et autres monnaies. « Sur un réseau qui transporte 250 000 personnes par jour, cela peut faire 20 à 25 000 personnes qui pourront immédiatement utiliser ce service » affirme-t-il au micro d’Actu Toulouse. 

Une initiative audacieuse, mais incertaine

Si cette ouverture aux cryptomonnaies s’inscrit dans une dynamique d’innovation et de digitalisation des transports publics, elle n’est pas sans risques. L’instabilité de ces actifs numériques reste une préoccupation majeure. Le Bitcoin, par exemple, peut voir sa valeur fluctuer de plusieurs pourcents en quelques heures. En cas de forte volatilité, la gestion de ce nouveau dispositif pourrait devenir plus complexe que prévu. Pour limiter cette influence, Tisséo ne recevra pas directement les cryptomonnaies. Les transactions s’effectueront avec l’aide d’un module de paiement (Fitnech française Lyzi) directement intégré, permettant de convertir de manière immédiate la cryptomonnaie en euros. Face à ce défi, la compagnie Tisséo n’a pas souhaité répondre à nos questions après plusieurs relances. 

En plus des incertitudes liées à la variation et l’instabilité de la cryptomonnaie, ce nouveau dispositif ne pourrait pas profiter aux usagers français. En effet, l’utilisation de la cryptomonnaie en France est très réglementée d’un point de vue fiscal. En France, lorsqu’un usager utilise des cryptomonnaies pour l’achat d’un bien ou d’un service, c’est considéré comme une vente d’actifs numériques. Cela signifie que l’État applique une taxe de près de 30% sur les gains éventuels. Chaque paiement en cryptomonnaie doit être déclaré. Dans le cas où la valeur de la cryptomonnaie ait augmenté depuis son acquisition, la différence sera imposée. Ainsi, la cryptomonnaie, rend les petits achats tels que des tickets de métro, plus compliqués et plus casse-tête.

Si cette expérimentation toulousaine fonctionne, elle pourrait inspirer d’autres réseaux de transport en France et en Europe. Mais dans un marché aussi incertain que celui des cryptomonnaies, il est difficile de dire si cette initiative sera une avancée durable ou une simple tentative vouée à disparaître face aux contraintes économiques et réglementaires.