Quel que soit le handicap, celui-ci se transforme souvent en double peine à l’entrée à l’université. Une situation intenable, qui pose à la fois des défis techniques et organisationnels dans l’accueil de ces étudiants et pousse les personnels à une meilleure compréhension des handicaps, afin que du point de vue académique, il n’en soit plus un.

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Depuis la loi du 11 février 2005, toute personne handicapée a normalement accès « aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté ». La formation constitue l’un de ces droits, qu’il s’agisse de la « formation scolaire, professionnelle ou supérieure ». L’accueil des étudiants handicapés est désormais une obligation pour les établissements d’enseignement supérieur.

La loi complète celle du 30 juin 1975 qui n’accordait aucun statut particulier à ces étudiants… évidemment, dans ces conditions, peu de personnes handicapées poursuivent des études supérieures : les chiffres de 2006 dénombrent seulement 7 500 étudiants handicapés dans l’ensemble des universités françaises.

C’est justement en 2006 qu’un rapport ministériel s’attaque au phénomène: il faut définir les conditions d’accueil et d’accompagnement de ces étudiants, afin d’en faciliter la mise en pratique. Ce rapport reste en l’espèce incomplet, permettant de très grandes disparités entre les établissements d’enseignement supérieur. On peut déplorer que ce soit le cas ici même, à Toulouse. D’autant que le délai prévu par la loi pour la mise aux normes des infrastructures est de cinq ans… soit des travaux terminés en 2010 (voir vidéo).

Emission de France Inter : la loi du 11 février 2005, cinq ans après

L’université Paul-Sabatier fait ainsi figure de bonne élève, avec une bibliothèque très aboutie en matière d’accessibilité aux divers handicaps et des solutions techniques permettant aux étudiants concernés l’accès le plus fidèle possible aux cours, même en situation d’handicap visuel ou auditif.

Prendre tous les handicaps en compte

Ailleurs, il reste du travail. C’est notamment le cas sur le campus d’UT1, où tous les locaux ne sont pas encore accessibles aux déficients moteurs : « Tous les amphis ont été progressivement rénovés; l’amphi Cujas et Montaigne ont été totalement aménagés », explique Gérard Jazottes, responsable de la cellule Handicap de l’université, avant de tempérer« mais pour l’heure, rien n’est parfait ».

Il rêve surtout d’une bibliothèque totalement accessible : « On a entrepris un travail d’études dans ce sens, mais la majeure difficulté réside dans la recherche des meilleures solutions techniques », déplore-t-il. Sur l’exemple de Paul-Sabatier, il prône la prudence : « On s’est aperçu que certaines signalétiques de la bibliothèque de Paul-Sabatier ne convenaient pas, et pouvaient même dans certains cas être dangereuses ! », s’exclame-t-il, et d’ajouter « il y a une grande diversité de handicaps, il faut tous les prendre en compte ».

Pour l’accueil, justement, le service spécial de l’université a été réorganisé et rationalisé en conséquence : « On a rattaché le service à la scolarité générale, pour être plus efficaces », explique Gérard Jazottes. Mais, il le reconnaît, « on se base d’abord sur l’entraide étudiante : concrètement, des personnes qui les aident bénévolement en leur passant leurs cours, en leur donnant des explications. Dans certains cas on va jusqu’au tutorat et la mise à disposition des cours pour les accompagner ».

Le recours aux aides individuelles s’impose dans certains cas avec des financements directs du ministère : « On rédige en ce sens un rapport d’activité, et ils nous donnent un financement adapté », conclut Gérard Jazottes.

Un problème de représentation étudiante ?

Pour Stéphane Pfeiffer, responsable du syndicat étudiant UNEF en Midi-Pyrénées, la question du handicap à l’université, c’est aussi une histoire de représentation : « C’est un public trop peu représenté à l’université, mais c’est encore pire dans les organisations syndicales étudiantes ». Il précise pourtant : « Nous avons pour notre part présenté un candidat en situation de handicap au STAPS, on sait que c’est pour autant insuffisant ».

Pour lui, les étudiants handicapés devraient pouvoir être davantage représentés dans les syndicats : « Quand on voit ce qui est entrepris à l’université Toulouse 1, on a l’impression qu’il font un minimum d’efforts. Leur action est surtout centrée sur les handicaps moteurs et peu sur les autres handicaps », déplore-t-il. Et d’ajouter : « La prise en compte du handicap à l’université ressemble à la place qui leur est accordée dans la société, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir ».

Et de citer l’exemple de Lyon, où il avait étudié : « Il y avait des cours traduits en langue des signes », se souvient-il. Avant de proposer « d’ouvrir une réflexion sur le sujet ».

On peut effectivement imaginer qu’une plus forte représentation des handicapés dans les institutions universitaires créerait des échanges constructifs permettant une meilleure prise en charge, et la découverte de solutions techniques pertinentes. Mais les universités françaises, dans leur ensemble, n’auraient-elles pas aussi à gagner de la mise en commun de leur expérience et de leur savoir faire en la matière ?